Un embryon est issu de la fécondation d'un ovule par un spermatozoïde. Un fait intangible, qui vient pourtant d'être battu en brèche par une équipe de chercheurs allemands et britanniques. C'est ce que révèle une étude, publiée le 13 septembre 2016, dans la revue « Nature Communications ».
Fécondation de parthénotes
Ces scientifiques sont, en effet, parvenus, pour la première fois, à faire naître des souris à partir de cellules, dites « parthénotes », qui ne sont pas des ovules, mais des produits issus de la division mitotique d'ovules stimulés chimiquement. Fécondés par du sperme, ces parthénotes ont permis de faire naître des souris, vivantes dans plus de 24 % des cas. Selon l'un des principaux auteurs de l'étude, le Dr Tony Perry, ces souris sont devenues des adultes fertiles et ont une espérance de vie normale.
L'utilisation de parthénotes pour l'obtention d'embryons n'est pas nouvelle, mais, en l'absence de fécondation par des spermatozoïdes, ces embryons décédaient après quelques jours. Car les spermatozoïdes sont des éléments clefs permettant à l'embryon d'aller jusqu'au terme de son développement. Selon Marie-Hélène Verlhac, chercheuse en biologie cellulaire au CNRS, cette étude démontre que l'activation du génome paternel contenu dans les spermatozoïdes « peut se faire à un stade plus tardif qu'anticipé au départ, et pas seulement dans l'ovocyte ».
« On pensait que seul un ovocyte était capable de reprogrammer des spermatozoïdes et permettre ainsi le développement embryonnaire. C'est la première fois que l'on obtient un développement mené à terme en injectant des spermatozoïdes dans des embryons », a déclaré le Dr Perry.
Espoirs et questions éthiques
Outre qu'elle permettrait une meilleure compréhension de la reprogrammation cellulaire lors des premiers stades du développement embryonnaire, cette nouvelle technique ouvre des perspectives en matière de procréation médicalement assistée (PMA). La collecte des ovocytes étant une opération très contraignante, « on peut imaginer utiliser aussi les parthénotes » en PMA, a commenté Marie-Hélène Verlhac.
Le Dr Perry avance même l'idée selon laquelle on pourra, dans le futur, se passer d'ovocytes et fabriquer des parthénotes à partir de cellules de peau, par exemple.
Face à cette innovation technologique, la prudence reste cependant de mise. « Les souris ne sont pas des humains », avertit Simon Fishel, directeur général de la clinique privée britannique Care Fertility. « Même si c'est possible en théorie, il faudra de nombreuses années pour comprendre les risques pour l'ADN et la santé humaine », ajoute-t-il.
Enfin, des questions éthiques majeures ne manqueront pas de se poser. Et ce d'autant plus qu'initialement les parthénotes devaient être utilisés comme source de cellules-souches embryonnaires avec, pour principal argument pour justifier ces expérimentations, que ces embryons n'étaient pas viables.
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