L'agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites (ANRS) a le sens de la formule ! Son essai visant à définir le régime de traitement antiviral destiné à traiter les patients infectés par le virus de l'hépatite C (VHC) ayant connu un premier échec thérapeutique porte le doux nom de REVENGE. Selon ses résultats publiés dans « Clinical Infectious Diseases », une combinaison de Sovaldi (sofosbuvir, Gilead) et de Zepatier (grazoprevir/elbasvir, MSD) est efficace pour traiter les patients infectés par des virus résistants aux nouveaux traitements.
Les nouveaux traitements antiviraux à action directe contre l'hépatite C sont en mesure de guérir plus de 95 % des malades. La combinaison de sofosbuvir et grazoprevir/elbasvir figurait déjà parmi les lignes de traitement recommandées par l'association française d'étude du foie (AFEF) pour les quelques patients en échec mais les preuves cliniques manquaient.
La mutation du gène RAS
Coordonné par le Pr Victor de Lédinghen, chef du service d’hépato-gastroentérologie et d’oncologie digestive du CHU Bordeaux, l'essai REVENGE a évalué l’efficacité et la tolérance d’une prise de 16 ou 24 semaines de la combinaison sofosbuvir et grazoprevir/elbasvir, associée à la ribavirine, chez 26 patients infectés par des virus résistants. Une majorité de ces patients étaient cirrhotiques ou atteints d'une fibrose sévère. « Ces résultats sont importants, car tous les patients sélectionnés étaient porteurs de virus mutés pour le gène RAS, explique au « Quotidien » le Pr De Lédinghen, leur infection était donc résistante aux inhibiteurs de la NS5A et de la NS3. » La recherche systématique de mutations du gène RAS figure dans les recommandations de prise en charge des patients en échec d'une première ligne de traitement.
La moitié des patients ont été traités pendant 16 semaines, et l'autre moitié pendant 24 semaines. L'intégralité des patients des deux bras de l'étude a atteint un taux d’ARN viral indétectable 12 semaines après l’arrêt du traitement, à l'exception d'un sujet décédé avant la fin de l'étude des suites de sa maladie hépatique.
Concernant les génotypes 2 et 3, « tout devrait changer d'ici la fin de l'année, explique le Dr De Lédinghen, puisque deux traitements pangénotypiques - Vosevi (Sofosbuvir, velpatasvir, voxilaprévir) de Gilead et Maviret (Glecaprevir et Pibrentasvir) d'AbbVie - vont obtenir leur prix et seront accessibles. » Pour des raisons de simplicité et d'efficacité, ces deux médicaments pourraient se partager l'intégralité des patients encore à traiter. La question des résistances aux traitements sera alors entièrement à réévaluer.
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