Quel est le moment le plus pertinent pour initier une dialyse chez des patients présentant une insuffisance rénale aiguë (IRA) ? Vaut-il mieux attendre, évitant ainsi des complications iatrogéniques, ou au contraire, la mettre en place précocement, dès que l'IRA est sévère ?
Une méta-analyse conduite par des médecins et chercheurs français, publiée dans « The Lancet », démontre qu'une stratégie d'initiation précoce de la dialyse, chez des patients présentant une IRA sévère, ne conduit pas à réduire la mortalité et « n'apporte aucun bénéfice clinique tangible aux patients », lit-on.
Les équipes des réanimations médico-chirurgicales de l’AP-HP, de l’Inserm et de Sorbonne Université ont analysé neuf essais cliniques récents (de moins de dix ans), avec un faible risque de biais, totalisant 2 083 patients, dont les données individuelles étaient connues. Le critère principal étudié était la mortalité toutes causes confondues, 28 jours après randomisation. Aucune méta-analyse sur données individuelles n'avait été réalisée jusqu'à présent, les précédentes ayant été faites sur la base des résultats globaux des essais, aboutissant à des conclusions parfois incohérentes.
42 % des patients finalement non dialysés
Sur les 2 083 patients, 1 879 avec IRA ont été randomisés, pour moitié dans un groupe où la dialyse était reportée, et pour l'autre dans un groupe observant une stratégie d'initiation précoce. La proportion de patients décédés à 28 jours ne différait pas significativement entre les deux groupes, atteignant 44% pour le premier et 43 % pour le second. En outre, 390 (42 %) des 929 patients du groupe attentiste n'ont finalement jamais eu recours à une dialyse.
En l'absence d'indication urgente, telle qu'une complication métabolique potentiellement mortelle, la dialyse peut être reportée en toute sécurité, tout en assurant un suivi rapproché des patients, concluent les auteurs. Cette stratégie d'attente pourrait même éviter l'utilisation de cette technique, économisant ainsi des ressources de santé.
S. Gaudry et al., The Lancet,395,1506–15 , 2020.
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