En février dernier, les investigateurs anglais de l’essai randomisé PROUD (Pre-exposure prophylaxis to prevent the acquisition of HIV-1 infection) communiquaient avec enthousiasme le taux de protection de 86 % contre les infections par le VIH procuré par la prophylaxie pré-exposition (PrEP) aux hommes ayant des rapports non protégés avec d’autres hommes. Les données consolidées, publiées aujourd’hui dans « The Lancet » confirment ces résultats et montrent en outre que, si le recours à la PrEP semble s’associer à une augmentation du nombre de partenaires, il ne se traduit pas par une augmentation des autres infections sexuellement transmissibles (IST).
Une infection évitée par an toutes les 13 PrEP
À l’image de l’essai français Ipergay, l’essai britannique PROUD cherche à évaluer l’efficacité de la prise d’un comprimé de Truvada (ténofovir + emtricitabine) dans la communauté gay n’utilisant pas de préservatif. Il existe néanmoins de profondes différences méthodologiques entre les deux études. Alors qu’Ipergay propose une prophylaxie à la demande, Proud demande à ses participants de prendre un comprimé de Truvada tous les jours. De plus, l’évaluation se fait en comparaison avec un placebo dans le cas d’ipergay, alors que les auteurs de PROUD ont réparti leurs volontaires entre un groupe de 245 hommes recevant la PrEP dès leur inclusion dans l’étude, et un deuxième groupe de 269 volontaires qui devait commencer sa PrEP un an après leur inclusion.
En octobre 2013, le comité de suivi de l’étude demande que tous les patients bénéficient d’une PrEP. À ce stade, 90 % des volontaires du deuxième groupe était déjà sous PrEP. Seulment 10 % des particpants ont donc bénéficié du Truvada plus tôt que prévu.
Toutefois les données recueillies avant la fin de la randomisation ont permis de comparer les deux groupes : PreP versus non PreP. Dans le premier, 3 personnes sont devenues séropositives pour le VIH, soit une incidence de 1,2 nouveau cas pour 100 personnes année ; dans l’autre groupe, 20 nouvelles infections (9/100 personnes année) ont été recensées malgré les 174 prophylaxies post-exposition prescrites. Ces résultats suggèrent qu’il suffit de proposer une PrEP à 13 hommes ayant un comportement sexuel à risque pour éviter une infection par an.
Plus de partenaires, mais pas plus d’IST
Une des craintes concernant la PrEP est qu’elle favorise les comportements à risque, et donc les IST. Les résultats de PROUD semblent indiquer que ce n’est pas le cas. « C’est une des analyses que nous avons réalisé depuis la présentation à la CROI, explique au « Quotidien » le Dr Sheena McCormack premier auteur de PROUD, si on regarde les participants dans leur ensemble, il n’y avait pas de différence significative en ce qui concerne les IST. Si on s’intéresse à la population des Trans, on voit qu’il y avait plus d’IST dans le groupe qui est rentré tout de suite dans la PrEP. Ce résultat est lié à la forte proportion de participants qui ont eu plus de 10 partenaires différents tous les trois mois. »
Selon le Dr McCormack, il y avait une tendance à une augmentation du nombre de partenaires chez les volontaires qui était sous PrEP dès le début de l’étude mais « cela ne s’est pas traduit par une augmentation des nombres de gonorrhées ou de syphilis. Au final, je pense que ce qui se passe dans la chambre à coucher des participants n’est pas de notre ressort, du moment que le nombre d’IST n’augmente pas », conclut-elle.
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