Une technique permettant de réduire les douleurs des membres fantômes chez des patients amputés vient d'être mise au point par une équipe de chercheurs suédois et slovènes. L'étude multicentrique, publiée dans « The Lancet », utilise la réalité virtuelle et augmentée et les jeux vidéo pour inciter des patients à « utiliser » leur membre amputé.
Un bras virtuel pour faire bouger le bras fantôme
Les 14 patients sélectionnés, suédois et slovènes, souffraient tous de douleurs chroniques du ou des membres fantômes depuis plusieurs années suite à l'amputation d'un ou des deux bras. Les traitements destinés à soulager ces douleurs – antidouleurs et chirurgie – avaient tous échoué.
Des électrodes, chargées d'enregistrer les signaux d'activité musculaire, ont été placées sur l'avant-bras d'un membre amputé. Dans un premier temps, les patients se sont entraînés, avec le système mis à leur disposition, à imiter les mouvements d'un bras vu sur écran avec leur membre fantôme. Avec la réalité virtuelle et augmentée, ils ont ensuite visualisé les mouvements de leur membre fantôme grâce à un bras virtuel affiché sur écran. Puis ils ont manipulé une voiture évoluant sur un circuit dans un jeu vidéo. Enfin, ils se sont entraînés à caler les mouvements de leur bras virtuel sur ceux d'un autre bras virtuel projeté sur le même écran.
Fréquence des douleurs nocturnes en baisse de 61 %
Après 12 séances de cette expérience pour chaque patient, les chercheurs ont observé une amélioration cliniquement et statistiquement significative de la sévérité et de la fréquence des douleurs du membre. L'intensité des douleurs était diminuée de 32 % et leur fréquence de 61 % pendant le sommeil et 43 % pendant la veille. Ces effets étaient encore observés six mois après la fin du traitement. Parmi les quatre patients traités par antidouleurs, deux ont diminué leur prise de médicaments de 50 %.
Réactiver des zones cérébrales
Cette technique de réalité augmentée, qui utilise le principe de thérapie « par le miroir », née dans les années 1990, permet de faire croire au cerveau que le mouvement observé sur écran, est celui du membre amputé. Cela permet de « réactiver des zones du cerveau » utilisées pour bouger le bras avant amputation, soulignent les chercheurs. « La réorganisation corticale liée à une amputation s'explique généralement par un phénomène de désafférentation », notent les auteurs qui précisent que l'exécution motrice est également affectée. Selon eux, ce traitement permet de mobiliser les circuits centraux et moteurs périphériques du système cérébral selon des mécanismes encore non élucidés mais permis par la plasticité du cerveau. Cette technique, apparemment efficace, d'exécution motrice pour supprimer les douleurs du membre fantôme présente les avantages d'être « non invasive, non-pharmacologique et sans effets secondaires identifiés », concluent les chercheurs.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation