« Au-delà d'une récompense, le prix Galien est un mouvement global qui encourage l'innovation dans le domaine de la santé grâce à un réseau d'éminents scientifiques », présente Bruno Cohen, président de la Fondation Galien, qui estime qu'un tel événement « devrait initier un mouvement pour l'Afrique par l'Afrique ».
« Nous attendons plus de 1 000 participants pour mener une réflexion holistique : acteurs des secteurs privé, académique et politique, professionnels de santé, ONG, étudiants, représentants de la société civile… », déclare le Pr Awa Marie Coll-Seck, ministre d'État auprès du président de la République du Sénégal, médecin et chercheuse de formation.
Santé, éducation et femmes
Trois maîtres mots régiront ces 2 jours : santé, éducation et femme. La volonté de mettre les femmes à l'honneur se traduit notamment par la coprésidence scientifique du Pr Coll-Seck et du Pr Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine en 2008 pour la co-découverte du VIH. Toutes deux, que la recherche sur le VIH a réunies, se disent « amies de longue date ».
Sept groupes de travail thématiques constitués par des experts de renommée internationale vont ponctuer ce Forum. « Nous voulons agiter les idées à tous les niveaux », souligne Bruno Cohen.
L'accès universel aux médicaments essentiels fera l'objet d'un premier groupe de travail. « L'objectif : identifier les obstacles, en prenant en compte notamment le problème des faux médicaments qui circulent, et renforcer les partenariats possibles entre publics et privés », présente le Pr Barré-Sinoussi.
Le problème de la sous-alimentation et de la malnutrition sera discuté par un deuxième panel d'experts. « La malnutrition entraîne des problèmes d'obésité, d'hypertension… », note la Prix Nobel. Face aux enfants dénutris, plus vulnérables vis-à-vis des maladies infectieuses, le Pr Barré-Sinoussi estime qu'« il y a urgence à agir ».
Le troisième groupe s'intéressera à la gestion des maladies infectieuses et des pandémies. « Dans les années 1970, nous pensions pouvoir nous en débarrasser, se souvient le Pr Barré-Sinoussi. L'émergence du VIH nous a réveillés : les maladies infectieuses émergentes seront toujours là ». Elle souligne l'importance d'« avoir une approche globale pour améliorer la santé dans son ensemble » et précise que « la gestion de ces maladies passe par une meilleure prise en charge des patients et par la prévention ».
L'Assurance maladie fera l'objet d'un quatrième grand thème, les dépenses de santé accélérant les inégalités au sein des populations. « La France a peut-être un exemple à donner, même si tout n'est pas parfait, estime le Pr Barré-Sinoussi. Nous espérons des recommandations de la part des panélistes qui devront notamment étudier les lacunes en termes de réglementation ».
Une augmentation de 27 % en 10 ans des MNT
Un cinquième groupe portera sur les maladies non transmissibles (MNT). Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ces maladies augmenteront de 27 % dans les 10 prochaines années en Afrique. « Face à l'expansion de ces maladies, les experts devront identifier les actions à mener », note le Pr Barré-Sinoussi.
Autre thématique d'actualité au cœur du 6e groupe d'experts : le changement climatique et son impact sur la santé. « C'est un immense défi, impliquant des changements de comportement et des décisions politiques importantes », annonce le Pr Barré-Sinoussi.
Un septième groupe de travail aura la lourde de tâche de répondre à la question : quels financements pour la santé en Afrique ? « Des solutions innovantes sont à mettre en place pour mobiliser les fonds et encourager les financements par des partenaires », résume le Pr Barré-Sinoussi.
« Nous allons apprendre beaucoup au cours de ce forum, d'autant plus que ces défis qui concernant l'Afrique concernent également le monde dans son ensemble », avance la prix Nobel.
« Pour cette 1re édition, nous avons surtout ciblé les pays de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedao). Nous espérons pérenniser cet événement avec davantage de participants, dans le but de faire avancer l'éducation et la santé sur le continent africain », conclut le Pr Coll-Seck.
*Le prix Galien a été créé en France en 1970 et a été depuis décliné dans 15 pays. Le groupe Profession Santé auquel appartient « Le Quotidien du médecin » est l'organisateur du prix en France.
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