Le Pr François Dabis a été nommé président de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS). Il remplace le Pr Jean François Delfraissy, qui a pris la tête du comité consultatif national d'éthique (CCNE). Spécialisé dans l'épidémiologie, le Pr Dabis est membre de l'équipe « Maladies infectieuses dans les pays à ressources limitées » du centre de recherche « Bordeaux Population Health » de l'INSERM et de l'université Bordeaux, et a dirigé entre 2001 et 2015 l'équipe de recherche « VIH, cancer et santé globale » au sein de l'Institut santé publique.
« Il me paraît aujourd'hui essentiel que notre partenariat avec les pays à ressources limitées, le savoir-faire développé ensemble depuis de longues années dans le champ du VIH et plus récemment des hépatites soient mis à profit d'autres problèmes de santé prioritaires, notamment infectieux », affirme dans un communiqué le principal intéressé.
Cette nomination est « une très bonne nouvelle » affirment en chœur les Pr Philippe Morlat (CHU de Bordeaux) et Jean-Michel Molina (Hôpital Saint Louis, AP-HP) contactés par « Le Quotidien ». « C'est un excellent choix, il est important que l'ANRS ait à sa tête un scientifique reconnu, ayant mené un des essais emblématique de l'agence dans les pays du sud », ajoute le Pr Molina, qui estime le Pr Dabis « va amplifier la coopération avec les pays du sud, et les efforts concernant la mise à disposition des molécules. »
Un chercheur passionné par l'Afrique
Le gros de ses travaux concerne l'Afrique, où il a été co-responsable de l'essai pivot ANRS 049 DITRAME, au cours de laquelle il a été apporté la preuve qu'un traitement par zidovudine permet de réduire le risque de transmission entre la mère et l'enfant en Afrique de l'Ouest.
Plus récemment, il a participé à l'essai randomisé TasP mené en Afrique du Sud, dont les résultats ont été présentés en clôture de la 21e Conférence internationale sur le sida, en juillet 2016. L'essai évaluait la stratégie du « Test and Treat », mais cette approche s'est révélée inefficace compte tenu du trop long temps d'entrée dans le système de soin.
« Il a également une très bonne connaissance des problématiques dans les pays du Nord », tempère le Pr Morlat, qui a travaillé avec le Pr Dabis dans le cadre de l'écriture de son rapport sur la prise en charge des personnes vivant avec le VIH, « il a également coordonné la cohorte ANRS AQUITAINE et la cohorte de patients coïnfectés par le VIH et le virus de l'hépatite C, CO13 HEPAVIH, ajoute le Pr Morlat. Lors de l'écriture de mon rapport, il s'occupait du groupe de travail spécialisé dans le dépistage en France. Il a également mené des coopérations avec des pays d'Europe Centrale et d'Europe de l'Est, là où l'épidémie de VIH est actuellement la plus active. »
La nomination du Pr Dabis constitue aussi « un signe rassurant quant à l'avenir de l'ANRS », selon le Pr Molina. « Il prend la direction d'une ANRS dont la forme reste inchangée. C'est un signe fort de la volonté du président-directeur-général de l'INSERM, Yves Lévy de conserver l'agence en l'état, analyse le Pr Morlat, je pense qu'il va orienter l'ANRS vers de nouvelles thématiques comme la prise en charge de l'ensemble des pathologies infectieuses de l'individu : VIH, hépatite, tuberculose… »
Le Pr Dabis a été nommé par les ministres en charges de la recherche et de la santé, sur proposition du Pr Yves Lévy, qui a salué dans un communiqué le travail de son prédécesseur, qui a « permis de soutenir des équipes de recherche qui œuvre avec succès dans le domaine du VIH et des hépatites, avec une forte visibilité internationale ». La nomination du Pr Dabis déjoue les pronostics parus dans la presse, où le nom du Pr Yazdan Yazdanpanah, de l'hôpital Bichat Claude-Bernard.
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