La lutte contre le tabagisme doit redoubler de vigilance auprès des plus jeunes. Malgré une tendance à la baisse chez les grands ados et les jeunes adultes (16-20 ans), une grande étude européenne chez 119 104 individus de 17 pays confirme dans « Plos One » que l'entrée dans le tabagisme est à la hausse chez les 11-15 ans ces dernières années, notamment en France.
C'est un bilan en demi-teinte que dresse l'étude ALEC (pour « Ageing Lungs in European Cohorts ») qui a évalué l'entrée dans le tabagisme au cours des 40 dernières années. Le début du tabagisme chez les grands ados et jeunes adultes a dans le même temps baissé dans toutes les régions chez les filles et les garçons, surtout en Europe de l'Ouest.
Pic à 16 ans pour les garçons et 15 ans pour les filles
L'équipe dirigée par Alessandro Marcon a évalué le phénomène, à la fois globalement et région par région : Danemark, Finlande, Islande, Norvège, Suède et Royaume-Uni pour l'Europe du Nord, Estonie, Macédoine et Pologne pour l'Europe de l'Est, Italie, Portugal et Espagne pour l'Europe du Sud, Belgique, France, Allemagne, Pays-Bas et Suisse pour l'Europe de l'Ouest.
Toutes régions du continent confondues, le pic d'entrée est passé de 18 ans pour les garçons et de 19 ans chez les filles dans les années 1970 à 16 et 15 ans respectivement dans les années 2000, ce qui corrobore les chiffres de l'Eurobaromètre. Si les taux d'entrée sont partout à la baisse, ils restaient élevés (40-80 pour 1 000/an) fin des années 2000. Seule l'Europe de l'Ouest a réussi à passer en dessous la barre de 20 pour 1 000/an.
L'Europe de l'Ouest la plus interventionniste
Le taux d'entrée dans le tabagisme chez les 11-15 ans a augmenté partout en Europe depuis les années 1990 jusqu'à la fin des années 2000. En 2005, le chiffre était de 40 pour 1 000 par an en Europe de l'Ouest.
« L'entrée dans le tabagisme est toujours élevée de façon inacceptable chez les adolescents européens et les taux croissants chez les moins de 15 ans méritent l'attention, écrivent les auteurs. Réduire l'entrée dans l'adolescence est fondamentale, d'autant que les plus jeunes sont particulièrement vulnérables à l'addiction à la nicotine et aux effets nocifs du tabac. »
Selon les épidémiologistes, l'étude suggère également que « si les plus jeunes atteignent l'âge de 20 ans comme non-fumeurs, il est très peu probable qu'ils commencent plus tard ». L'augmentation du prix du tabac est une stratégie efficace, estiment-ils, les jeunes étant « les plus sensibles au prix dans la population ». À ce sujet, ils demandent que la taxation du tabac à rouler soit la même que les paquets de cigarettes. Si la pression sociale des copains est un levier fort pour inciter à fumer, le tabagisme parental « facilite l'accès aux cigarettes », relèvent-ils, comme un élément à prendre en compte dans les interventions de santé publique, dont la mesure phare repose sur un nécessaire renforcement législatif de l'interdiction de vente aux mineurs.
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