Dès que le remboursement du Truvada dans l’indication de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) sera effectif en janvier, plusieurs consultations spécialisées verront le jour. Véritables fers de lance en la matière, les 6 services de maladies infectieuses participant à Ipergay à Lyon, Paris, Nice, Nantes et Tourcoing sont déjà dans les starting blocs, rejoints par d’autres institutions comme le CHU de Brest ou les futurs centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CEGIDD). À Paris, les hôpitaux Saint-Louis et Tenon ont déjà reçu leurs premiers patients, tandis qu’une consultation ouvre au CHU de Nice ce jeudi.
L’une de leurs premières missions consistera à « gérer la PrEP sauvage », explique le Pr Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon, co-investigateur de l'étude ANRS IPERGAY. « Ces patients prennent un peu ce qu’ils trouvent, comme du Stribild qui contient du cobicistat qui interfère avec pas mal de molécules, et notamment les drogues de synthèse », estime-t-il.
Dans toutes les consultations, le premier contact commence par des tests de dépistage du VIH, un bilan des IST et un bilan sérologique, notamment pour vérifier les vaccinations contre l’hépatite A et B. Un bilan rénal sera également réalisé pour s’assurer de la bonne tolérance vis-à-vis du Truvada. Ces consultations « ne sont pas là pour échanger des préservatifs contre des pilules mais pour proposer une prise en charge sexuelle dotée d’une grande variété d’outils prévention » explique le Dr Laurent Cotte qui prépare l’ouverture d’une consultation à l’Hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon. Cette dernière ne s’appellera d’ailleurs pas « consultation PrEP » mais « consultation de prévention du VIH » afin de refléter cette réalité.
Des différences d’une consultation à l’autre
Si les étapes de la prise en charge sont identiques dans toutes les consultations, ces dernières n’auront pas la même temporalité. Ainsi, à l’hôpital Tenon, les infirmiers enverront une ordonnance aux consultants avant le premier rendez-vous pour qu’ils puissent faire leurs sérologies en avance. La décision de la mise sous PrEP et la première délivrance s’effectuera donc à l’issue d’une unique consultation d’une heure et demie impliquant un médecin et un accompagnateur de l’association AIDES.
À Lyon, 3 semaines devraient s’écouler entre le premier rendez-vous et la première dispensation. Les suivis seront en revanches identiques : une visite au bout d’un mois pour vérifier la tolérance et l’observance, puis une consultation de suivi tous les trois mois pour une nouvelle série de dépistages et une réévaluation de la pertinence de la PrEP dans le cas particulier de ce patient.
Concernant la population ciblée, les avis peuvent diverger. Le Pr Pialoux compte ainsi « ouvrir sa consultation aux couples sérodiscordants et aux travailleurs du sexe au cas par cas, c’est d’ailleurs pour cela que les consultations peuvent être longues : il faut étudier la situation de toutes les personnes qui en font la demande ». Une opinion partagée par le Dr Eric Cua du service de maladies infectieuses et tropicales du CHU de Nice pour qui la PrEP « devrait bénéficier aussi, à terme, à toutes les populations particulièrement exposées, les femmes d’Afrique subsaharienne notamment, qui sont les premières victimes du virus dans le monde ».
Pour le Dr Laurent Cotte, la cible doit être plus restreinte : « Les études ont montré que les populations HSH sont les seules chez qui la PrEP soit efficace », rappelle-t-il.
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