Quand les patients savent qu’ils prennent des statines, ils rapportent davantage d’effets secondaires musculaires (douleurs et faiblesse) que lorsqu'ils ne le savent pas. Les auteurs d'une étude publiée dans « The Lancet » expliquent cette différence par un puissant effet nocebo.
Leur étude menée en Grande-Bretagne, en Irlande et en Scandinavie, sur 10 180 patients, a comporté deux étapes : d’abord une phase en double aveugle, randomisée contre placebo (entre février 1998 et décembre 2002), puis une phase non randomisée, non aveugle (entre décembre 2002 et juin 2005). Ces patients âgés de 40 à 79 ans, souffrant d’hypertension et de trois autres facteurs de risque cardiovasculaires ont reçu 10 mg d’atorvastatine (ou, rarement, de simvastatine) par jour – ou un placebo - pendant la première phase de l’étude. Puis, il leur a été proposé de prendre ou non une statine par la suite : dans cette seconde phase, 9 899 patients sont suivis et 65 % d’entre eux ont choisi de prendre la statine.
26 effets secondaires pris en compte
Les auteurs ont évalué 26 effets secondaires, en particulier les douleurs et faiblesses musculaires. En effet, ce type d'effets mis en évidence dans des études observationnelles chez 20 % environ des patients sous statines n’était pas observé dans les études randomisées et contribuait à alimenter la polémique autour des statines.
Pendant la première phase de l’étude, les symptômes musculaires étaient aussi présents dans le groupe statines que dans le groupe placebo (2,03 % par an contre 2 % par an, la différence n’étant pas significative). Pendant la seconde phase, ces symptômes étaient plus fréquents de 41 % (1,26 % contre 1 %).
Concernant les autres effets secondaires considérés, les auteurs ont observé une augmentation significative dans la phase randomisée en double aveugle concernant les troubles rénaux et urinaires (1,87 % dans le groupe statines, contre 1,51 % dans le groupe placebo) mais pas pour les autres effets secondaires (les troubles du sommeil étaient même significativement moins fréquents dans le groupe statines, à 1 % contre 1,46 %).
Pendant la phase non randomisée et non aveugle, deux autres types d’effets secondaires (hors musculaires) étaient davantage rapportés dans le groupe statines : les troubles musculosquelettiques (8,69 % contre 7,45 %) et les troubles sanguins et lymphatiques (0,88 % contre 0,64 %).
Des patients qui « s’attendent » à ressentir certains effets secondaires
Cela suggère que les cas de douleurs musculaires sont probablement liés non pas directement aux statines, mais à un effet nocebo. Pour le Pr Peter Sever, auteur principal de l’étude, « c’est précisément le fait d’attendre la douleur qui va causer son augmentation, plutôt que le médicament lui-même ».
La force de cette étude est de confirmer au sein d'une même population, prenant la même molécule, la force de l'effet nocebo. Les auteurs ajoutent que cet essai ayant été conduit au début de la controverse sur les statines alors que la polémique était beaucoup moins importante qu'aujourd'hui, l’effet nocebo y est peut-être sous-évalué.
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