Lors de son audition à l'Assemblée nationale le 25 juin dans le cadre de la Commission d'enquête sur la gestion du Covid-19, la Pr Karine Lacombe, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP), a annoncé le projet d'étendre l'essai clinique Coviplasm, dont elle est l'investigatrice principale, à la Guyane et à Mayotte.
Une volonté qui ne passe pas auprès de certains élus de Guyane. Ce que déplore le Dr Loïc Epelboin, médecin infectiologue au centre hospitalier de Cayenne impliqué dans l'essai, qui y voit au contraire une vraie chance pour les Guyanais de profiter d'un traitement innovant.
« La Pr Lacombe n'est pas la bienvenue »
L'essai Coviplasm (AP-HP/INSERM/Établissement français du sang) vise à a évaluer l'intérêt de la transfusion de plasma de patients guéris de l'infection Covid-19 chez des patients hospitalisés oxygénodépendants. L'essai a été lancé début en avril dans plusieurs hôpitaux d'Île-de-France, alors que l'épidémie commençait à reculer, entraînant un ralentissement des inclusions. Au total, l'étude devrait inclure 120 patients.
Alors que la Pr Lacombe doit venir prochainement en Guyane pour le lancement de l'essai outre-mer, le président de la collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre, accompagné de Georges Patient et Antoine Karam, des sénateurs LREM, a manifesté son mécontentement dans une vidéo postée sur Facebook : « Nous avons exigé que la mission du professeur Lacombe n'ait pas lieu en Guyane. Elle n'est pas la bienvenue et nous avons demandé au préfet de prendre toutes les dispositions pour qu'elle ne soit pas accueillie en Guyane ».
Dans une lettre adressée à Clara de Bort, directrice de l'ARS de Guyane, le député Gauche Démocrate et Républicain (GDR) Gabriel Serville interroge : « D'où vous vient cette idée unilatérale que les chiffres guyanais justifieraient l'installation d'un centre thérapeutique en lieu et place de la France hexagonale ? » Le député n'hésite pas à employer le mot « cobayes » pour qualifier les patients guyanais sur Twitter.
Une conférence de presse pour expliquer l'intérêt de l'essai
Le sénateur Antoine Karam a fait part de ses craintes au ministre de la Santé dans un courrier du 29 juin : « Si l’avancée inquiétante de l'épidémie appelle le déploiement de moyens considérables pour prendre en charge les malades, elle ne saurait pour autant faire de la Guyane un terrain de jeu, où les chercheurs de l’Hexagone viendraient comme bon leur semble poursuivre leurs travaux. » Il déplore notamment la façon dont l'essai a été annoncé, sans concertation avec les élus guyanais.
Le Dr Epelboin regrette ces interprétations, et rappelle que, bien souvent, les élus ne sont pas tenus informés du lancement d'essais cliniques, et ce, sans que cela ne suscite de telles réactions. « Une conférence de presse est organisée ce jour pour expliquer l'intérêt de ce type d'étude », indique l'infectiologue, enthousiaste à l'idée de contribuer à un essai qui pourrait être utile à travers le monde.
« Une dizaine de patients sévères sont hospitalisés par jour, dont certains pourraient participer à l'étude », rapporte-t-il, rappelant le principe du volontariat.
Dans le cadre de cet essai Coviplasm, le plasma de près de 200 patients guéris du Covid-19 a été prélevé en France métropolitaine. L'EFS a annoncé à l'AFP la fin de la collecte en raison d'un stock suffisant.
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