À l'occasion de la Journée du cœur de ce vendredi 16 février 2018, l'Alliance du cœur et la Fédération française de cardiologie souhaitent sensibiliser les Français autour de l'insuffisance cardiaque, considérée comme la grande oubliée de la prévention cardiovasculaire. « Le grand public connaît les symptômes de l'AVC et de l'infarctus du myocarde, mais prête peu d'attention à ceux de l'insuffisance cardiaque », analyse le Dr Florence Beauvais, responsable de l'unité de réadaptation cardiaque du service de cardiologie de l'hôpital de Lariboisière. En 2012, les cardiologues ont proposé un ensemble de symptômes évocateurs rassemblés sous l'acronyme EPOV (Essoufflement, Prise de poids, Œdème, Fatigue) pour faciliter le diagnostic précoce de l'insuffisance cardiaque.
« Ce qui a changé ces dernières années, c'est la mise en place de protocoles de prise en charge pluridisciplinaire par la Haute Autorité de santé, explique du Dr Patrick Assyag, vice-président de la Fédération française de cardiologie, nous travaillons maintenant avec les infirmiers et les pharmaciens pour le soin à domicile à la réduction des hospitalisations. »
Le sport sur ordonnance encore balbutiant
Au chapitre de la prévention, le Dr Patrick Assyag souligne l'apport des 250 clubs « cœur et Santé », dont 22 en Île-de-France. « Depuis le début de l'année, les médecins généralistes ont la possibilité de prescrire du sport sur ordonnance, mais ils ne se sont pas emparés de ce nouvel outil, regrette-t-il. Certains ont gardé l'idée que le patient insuffisant cardiaque ne doit pas faire de sport, d'autres ne savent pas quels sont les sports indiqués. Il faut qu'ils les adressent aux clubs cœur santé, où ils seront pris en charge par des spécialistes et des kinésithérapeutes qui leur proposeront des activités physiques adaptées à leur état. »
La Fédération française de cardiologie prévoit 2 actions en 2018 : la création d'un observatoire des clubs cœur et santé et une vaste action de communication auprès du grand public et des médecins pour promouvoir établissements. « Ce qui est problématique, c'est que peu de mutuelles proposent des contrats remboursant les dépenses liées au sport sur ordonnance », regrette le Dr Assyag.
On estime que 120 000 patients sont dépistés chaque année, et que 23 000 personnes par an décèdent des suites d'une insuffisance cardiaque. « Il y a environ 1,5 million de malades en France, dont 500 000 qui s'ignorent », affirme le Dr Beauvais. Au sein de ce groupe de patients, il distingue 3 groupes : « les patients âgés de plus de 65 ans, parmi lesquels on trouve beaucoup de femmes, les "middle age" de 50 à 65 ans, un groupe composé principalement des hommes qui ont connu un infarctus, et les 1 % de patients jeunes victimes de cardiopathies congénitales ou de myocardites graves. »
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