La chronomédecine a (enfin) le vent en poupe. Portés par la reconnaissance du prix Nobel 2 017 (pour la découverte des mécanismes biologiques de l'horloge circadienne), des outils se développent à vitesse grand V pour aller vers une chronomédecine personnalisée.
Une équipe de Chicago à la Northwestern University propose dans les « PNAS » un test simple appelé « TimeSignature » pour déterminer l'horloge biologique de chaque individu. Cette approche novatrice s'appuie sur un algorithme puissant, qui lui permet de ne nécessiter que deux prélèvements sanguins.
Une chronothérapie standard aujourd'hui
Pour le Pr Francis Lévi, précurseur dans la chronomédecine en cancérologie, aujourd'hui coordonnateur du laboratoire européen associé Inserm/Warwick sur la personnalisation de la chronothérapie : « Aujourd'hui, on sait faire de la chronothérapie de groupe ;par exemple, on sait qu'il est préférable de donner les glucocorticoïdes le matin, les AINS l'après-midi ou le soir, le fluoro-uracile en début de nuit, l'oxaliplatine en début d'après-midi ou encore l'irinotécan très tôt le matin. Mais qu'en est-il chez les sujets ayant des rythmes altérés, découplés, désynchronisés, voire inexistants ? C'est à cette question que les tests de ce type doivent répondre. »
Il existe déjà de nombreux indicateurs de l'horloge biologique chez l'homme, par exemple la mélatonine la nuit ou le pic de cortisol le matin. Mais comme l'explique Étienne Challet, responsable de l'équipe « Horloges circadiennes et métabolisme » à l'Institut des neurosciences cellulaires et intégratives (CNRS/Université de Strasbourg) : « Pour avoir la phase d'un individu, les méthodes sont incommodes, avec des prélèvements répétés. »
Le modèle des cellules mononucléées
L'horloge biologique est un système multi-oscillant, avec une horloge centrale qui orchestre le timing d'horloges périphériques. Les chercheurs de Chicago se sont servis de cellules mononucléées dites PBMC (pour peripheral blood mononuclear cells). « Ces cellules ont la caractéristique d'avoir une horloge périphérique en phase avec l'horloge principale, explique Étienne Challet. L'équipe de Rosemary Braun a réussi à mettre au point un algorithme qui permet de déterminer l'heure interne d'un individu à partir du niveau d'expression de l'ARN messager de ces cellules. »
Un test intéressant mais à valider
L'outil TimeSignature n'est pas encore éprouvé, estime Francis Lévi. « Le test a été développé chez des sujets sains, explique-t-il. Il ne prend pas la variabilité interpatient, notamment chez des sujets malades. Aucun modèle ne prend pas en compte les individus qui ont des destructions profondes du rythme circadien. On ne sait pas comment les tests de ce type se comportent chez des sujets malades. »
Pour ce pionnier travaillant sur le sujet depuis plus de 30 ans, le bât blesse au niveau des concepts. « Ces articles de biologie moléculaire partent du principe que l'horloge marche chez tout le monde et de la même façon, poursuit-il. Or ce n'est pas vrai. Il faut faire converger ces nouvelles données avec l'expertise médicale et tester ces tests de façon prospective dans des protocoles. » Un projet européen coordonné par le Pr Lévi teste actuellement la combinaison avec des biomarqueurs tels que le rythme veille/activité, la température, le sommeil, mesurés en continu à l'aide de capteurs.
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