« En mêlant des images issues d’expériences différentes et en utilisant des données antérieures, le Pr Obokata a agi d’une façon qui ne peut aucunement être permise. » Cette sévère sentence a été prononcée par Ryoji Noyori, le président de l’institut de recherche japonais RIKEN à Kobe, au Japon, lors de la conférence de presse de la commission d’enquête sur les pratiques de la jeune chercheuse Haruko Obokata.
La commission s’était rassemblée pour réévaluer la manière dont les résultats de deux articles publiés dans Nature, avaient été produits par Obokata et son équipe. Ces deux articles détaillent un procédé chimique mis au point pour produire des cellules STAP (stimulus-triggered activation of pluripotency), dont le principe consiste à stimuler les propriétés de défense des cellules en les exposant à un mélange acide. Les cellules STAP sont des cellules pluripotentes produites à partir de cellules somatiques matures ramenées à l’état de cellules indifférenciées. Elles se distinguent des cellules souches par leur incapacité à se multiplier indéfiniment. Elles ne sont pas non plus à confondre avec les cellules pluripotentes induites (iPS) qui ne sont pas fabriquées de la même manière, et sont incapables de se différencier en cellule placentaire comme les cellules STAP.
Obokata veut faire appel
Le comité, constitué de trois scientifiques de l’institut RIKEN, de deux universitaires et d’un avocat, s’est penché sur six erreurs possibles dans les résultats de Haruko Obokata. Quatre d’entre elles se sont révélées être purement accidentelles, mais les deux dernières relevaient de la manipulation frauduleuse de données. La première fraude concerne un diagramme dans lequel deux lignes ont été interverties. La deuxième faute reprochée à Obokata est l’utilisation de clichés d’un tératome, réalisés lors du doctorat d’Obokata, pour démontrer la capacité de croissance des cellules STAP.
Interrogé par les journalistes sur l’existence réelle des cellules STAP, le comité a botté en touche, estimant que c’était « au-delà de son champ de compétence ». Dans une déclaration lue lors de la conférence de presse, la chercheuse a affirmé vouloir faire appel de la décision du comité. Ryoji Noyori a demandé que soient retirés les deux articles parus dans « Nature », cette décision étant du ressort des auteurs et du comité éditorial de la revue.
Stem-cel scientist found guilty of misconduct, Nature, publication en ligne du 1er avril 2014
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