Vingt associations de lutte contre le sida et les hépatites (Act Up, Actions Traitements, Aides, Sidaction, SOS Hépatites, etc*) s'insurgent dans une lettre ouverte contre une pétition du syndicat professionnel de thanatopracteurs indépendants et salariés (SPTIS) dénonçant la fin de l'interdiction des soins funéraires pour les défunts porteurs du VIH et/ou d'une hépatite.
Des risques, selon les thanatopracteurs
Dans cette pétition diffusée le 21 août sur internet, et signée ce 31 août par près de 500 personnes, les thanatopracteurs estiment que la levée de l'interdiction des soins funéraires pour les personnes atteintes de VIH ou d'hépatite, parue au « Journal officiel » le 20 juillet, pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2018, est une « très mauvaise nouvelle ». « Nous disons NON à cette prise de risques et ferons jouer notre droit de retrait si aucune avancée n’est faite d’ici le 1er janvier 2018 », écrit le SPTIS, qui demande, par la voix de son président Cédric Ivanes, un report de trois ans de l'entrée en vigueur de la mesure, « le temps de diligenter des recherches qui nous permettraient d’être totalement certains de l’innocuité d’une éventuelle blessure ».
La levée de l'interdiction a été précédée de plusieurs textes renforçant la sécurité des thanatopracteurs en formation et en exercice, comme l'obligation de leur vaccination contre l'hépatite B (arrêté de décembre 2016), et la définition stricte de leurs conditions d'intervention en chambre mortuaire, funéraire, et au domicile, et de leur équipement. Par ailleurs, la levée de l'interdiction était préconisée depuis plusieurs années par les avis du Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS), du Défenseur des droits, de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et du Haut conseil à la santé publique (HCSP).
« Mensonges et contre-vérités », selon les associations
Dans leur réponse en forme de lettre ouverte à Cédric Ivanes, les vingt associations dénoncent « une série de mensonges, contre-vérités et de stigmatisations ».
Elles accusent notamment le président du SPTIS de dévoyer un rapport de l'OMS qui souligne la recrudescence des taux d'infection associée aux soins sur les 20 dernières années. Il s'agit des soins médicaux et de la protection des patients, notent-elles, ajoutant que l’OMS autorise la pratique des autopsies à condition de respecter les précautions universelles préconisées.
Autre point de discorde : selon le SPTIS, l'interdiction qui prévalait a permis d'éviter toute contamination de thanatopracteur. Faux, rétorquent les associations : « Près de 25 000 personnes vivent avec le VIH sans le savoir en France, et il est donc absolument certain que des soins funéraires ont été pratiqués sur des défunts porteurs du VIH sans que vous le sachiez et, surtout, sans que ces personnes en aient même eu conscience de leur vivant. Cette interdiction entraînait un sentiment de fausse sécurité pour les thanatopracteurs, alors que l’application des précautions universelles pour tous les corps devait être la norme. »
« Aucun vaccin ni médicament ou antibiotique n’est efficace sur ce type de maladies infectieuses. À plus forte raison pour des personnes décédées d’hépatites ou du sida, il est inconcevable que nous prenions un risque supplémentaire pour nous et notre famille », écrit le SPTIS. Une allégation qui repose sur plusieurs oublis, répondent les associations de lutte contre le sida et les hépatites, citant les vaccins contre les hépatites virales A et B, les nouveaux traitements contre l'hépatite C, et les antirétroviraux, qui limitent jusqu'à supprimer le risque de transmission.
« Cette pétition n’a pour objet que d’entretenir des représentations erronées et stigmatisantes sur les personnes vivant avec le VIH ou une hépatite virale, et de refuser de garantir les précautions universelles à la pratique des soins de conservation pour tous les défunts », concluent les représentants des patients.
* Act Up-Paris, Act Up Sud-Ouest, Actif Santé, Actions Traitements, AIDES, ARCAT, ASUD, CiGales, Le Collectif Hépatites Virales (CHV), Le Collectif TRT-5, Dessine-moi un mouton, Elus Locaux Contre le Sida, Envie, Nova Dona, Sida Info Service, Sidaction, Sol En Si, SOS Hépatites, SOS homophobie, Transhépate
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation