La question des migrants est actuellement abordée sous différents aspects et points de vue. Peu souvent sous l’angle de la santé.
C’est donc tout naturellement que l’association Santé Sud – qui œuvre depuis 30 ans à travers le monde pour améliorer l’accès à la santé des plus vulnérables – a choisi pour sa 10e Journée provençale de la santé humanitaire, le thème : « Parcours migratoires et santé ».
Le 13 novembre, dans l’amphi Maurice Toga de la Faculté de médecine de Marseille et face à des centaines de participants, trois tables rondes se sont succédé, respectivement axées sur le départ, le trajet et l’arrivée, de ces migrants en Europe. Un parcours migratoire qui a été illustré par le témoignage d’Ibrahim qui, victime de tortures et son père ayant été assassiné, a fui la Guinée et a pu arriver à Marseille où il est actuellement hébergé par un militant de Médecins du monde.
Un vrai parcours du combattant
Dans la première table ronde, mêlant experts et acteurs de terrain, ont été évoqués les déterminants qui favorisent l’émigration : conflits armés, violences politiques, misère, dérèglements climatiques… avec bien souvent des causes associées dans lesquelles les raisons de santé restent minoritaires.
Ensuite, vient le trajet. « La Méditerranée est devenue un vaste cimetière », a souligné le Dr Bernard Granjon, ex-président de Médecins du monde. Sophie Beau, vice-présidente de SOS Méditerranée confirme : « On estime à 30 000 le nombre de personnes disparues recensées depuis 2000, mais ce chiffre ne prend pas en compte celles non recensées. » Des trajets qui entraînent la mort mais aussi, pour ceux qui malgré tout s’en sortent, des dégradations sur la santé liées au danger, aux conditions du voyage, à certaines violences.
Et puis, enfin, c’est l’arrivée en France. Est-ce la fin de la galère, des difficultés ? Confirmant le témoignage d’un migrant du Liberia projeté en vidéo, les intervenants ont dénoncé le parcours du combattant qui allait s’ajouter aux traumatismes du départ et du trajet. Jean-Pierre Cavalié, délégué de la CIMADE en région PACA, a ainsi fait état des attentes interminables à la Préfecture ou à la Plateforme Asile qui n’a plus les moyens de faire face, des nuits dehors, de questionnaires qui se font sous forme d’interrogatoire avec pour le migrant, - « le réfugié » préfère-t-il le nommer -, l’angoisse de ne pas être cru et d’être reconduit dans son pays d’origine…
Tout cela a des conséquences évidentes sur la santé de ces personnes, ainsi que l’a expliqué le Dr Boéno, médecin chargé de l’accueil médical des mineurs étrangers isolés à l’association Image Santé Jeunes : « Aux pathologies préexistantes au départ, à celles acquises lors du parcours s’ajoutent à l’arrivée celles d’ordre souvent psychologique : dépression, envies suicidaires. »
Il ne leur est pas aisé de se faire soigner, car ces réfugiés se heurtent aux difficultés d’accès aux soins à la fois au niveau de la prise en charge financière, au manque de lieux spécialisés, et à l’insuffisance de la formation du personnel médical.
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