Alors que des premiers candidats vaccins contre le Covid-19 font l'objet d'essais cliniques de phase III, une plateforme nationale d'évaluation clinique des candidats vaccins vient d'être lancée par l'INSERM avec l'ambition de favoriser la participation des Français aux études.
« L'idée est que la France puisse participer aux essais déjà en cours dans d'autres pays et de faciliter la réalisation d'essais à grande échelle avec plusieurs milliers de personnes sur une courte période », explique au « Quotidien » la Pr Odile Launay, professeure en maladies infectieuses et tropicales à l’Université de Paris, coordinatrice du CIC Cochin Pasteur à l’hôpital Cochin (APHP) et coordinatice du réseau national d’investigation clinique en vaccinologie I-REIVAC. La plateforme, appelée COVIREIVAC, permet le regroupement de plusieurs centres d'investigation clinique (CIC) en vue de faciliter le recrutement des patients et leur suivi.
Des collaborations à l'international
Elle repose également sur I-REIVAC et les centres de ressources biologiques (CRB), et s'appuie sur le réseau REACTing, Santé publique France et le Collège des enseignants en médecine générale. « La plateforme COVIREIVAC est financée par les ministères de la Santé et de la Recherche, et a été confiée à l'INSERM », souligne la Pr Launay.
L'infectiologue estime qu'« il est important que la France puisse participer au développement des vaccins et qu'elle connaisse leur technologie, leur sécurité et leur efficacité ». Et de préciser : « COVIREIVAC doit permettre à la France d'avoir les infrastructures qui lui permettent d'y mener les essais ». Des partenariats vont aussi être lancés avec des équipes internationales, et, à terme, COVIREIVAC pourrait s'élargir au niveau européen pour optimiser les collaborations entre pays.
Une plateforme grand public pour le recrutement
Une plateforme ouverte à l'ensemble des Français va également être mise en place : « toute personne n'ayant pas été infectée par le Covid-19 pourra choisir de s'y inscrire en vue d'une participation éventuelle à un essai clinique ». Les critères d'inclusion étant spécifiques à chaque projet, qu'il soit industriel ou académique. « Nous espérons que dans le contexte du Covid-19, les Français comprendront l'importance de ces essais alors que l'on sait qu'il est toujours plus délicat de recruter pour des essais vaccinaux que pour des essais thérapeutiques », ajoute l'infectiologue.
Une centaine de candidats vaccins contre le Covid-19 sont développés à travers le monde, parmi lesquelles une vingtaine font l'objet d'essais chez l'homme. Les plus avancés sont le vaccin d'Oxford (AstraZeneca), celui de la société chinoise CanSino Biologics, et celui de la biotech américaine Moderna. « Ces phases III sont réalisées dans les pays où le virus circule avec une forte intensité, aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Afrique du Sud, note la Pr Launay. À ce stade, nous savons que la vaccination est capable d'induire des anticorps, mais il reste à démontrer que ces anticorps vont être protecteurs et qu'ils vont permettre d'empêcher l'infection ou au moins une forme grave de la maladie ».
En France, un essai de phase I de l'institut Pasteur devrait démarrer cet été pour évaluer un vaccin basé sur une souche atténuée et modifiée du virus de la rougeole. Il sera également mené en Belgique.
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