Dans une lettre publiée dans la revue « Plos Pathogens », des chercheurs américains recommandent de ne pas détruire les derniers stocks de virus vivants de la variole, éradiquée depuis 1980 et considérée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme la seule maladie humaine éliminée.
Cette recommandation, issue d’un groupe de virologue composé d’Inger K. Damon (des Centres fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies - CDC), Clarissa R. Damaso, et de Grant Mc Fadden, intervient quelques semaines avant la tenue de l’Assemblée mondiale de la santé en mai 2014, où la question de la destruction des stocks de virus vivants de la variole et de la poursuite ou non des recherches sera posée.
Selon les experts, la recherche sur des virus vivants de la variole « est essentielle » car « les objectifs initiaux de l’OMS de développer de nouveaux vaccins plus sûrs ainsi que des antiviraux et de meilleurs outils de dépistage n’ont pas encore été atteints ».
Travail inachevé
Depuis 1980, des recherches limitées concentrées sur le développement de tests de diagnostic, d’antiviraux et de nouveaux vaccins se sont poursuivies sous un étroit contrôle, dans deux laboratoires, l’un en Russie et l’autre aux États-Unis, les seuls habilités à garder des stocks de virus. Ces recherches, qui ont permis de produire de nouveaux vaccins antivarioliques plus sûrs et deux antiviraux expérimentaux prometteurs, sont motivées par le risque que la variole puisse réapparaître à la suite d’une réintroduction intentionnelle du virus dans la population. En outre, les dernières avancées en biologie synthétique rendent possible la recréation du virus.
« Malgré ces avancées considérables, le travail sur le virus de la variole n’est pas terminé et des inconnues demeurent », insistent les auteurs. Ils estiment que « le virus de la variole reste largement méconnu malgré ces progrès et qu’une plus grande exploitation des technologies actuelles pourrait aboutir à des thérapies plus efficaces en cas d’urgence sanitaire qui résulterait d’une résurgence de la variole ». Ils rappellent en particulier que les facteurs propres au virus et à l’hôte, responsables du tropisme humain, sont non renseignés.
Enfin, ces scientifiques s’interrogent sur le fait de savoir si une destruction irrémédiable des derniers virus vivants de la variole est possible, voire utile, vu que le génome de ce pathogène a été séquencé.
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