Si l’efficacité d’un allègement des trithérapies contre le VIH par la réduction du nombre de prises hebdomadaires a été démontrée par l’essai « Quatuor », il ne semble pas en être de même pour les bithérapies selon les résultats de l’essai « Duetto ». Dans un communiqué du 16 mai, l’ANRS – Maladies infectieuses émergentes (MIE) explique que « la prise d’une bithérapie antirétrovirale 4 jours consécutifs sur 7 jours contre le VIH n’est pas aussi efficace qu’une prise en continu, c’est-à-dire 7 jours sur 7 ».
L’essai de non-infériorité, dont les résultats ne sont pas encore publiés, a porté sur 433 patients « suivis pour l’infection VIH en moyenne depuis 15 ans, traités par antiviraux depuis 12 ans, avec une charge virale contrôlée depuis en moyenne 9 ans. 83 % d’entre eux sont des hommes âgés en moyenne de 53 ans », est-il décrit. Après 48 semaines de suivi, « 94,5 % des participants inclus dans la stratégie 4 jours sur 7 ont une charge virale indétectable contre 96,3 % des participants inclus dans la stratégie 7 jours sur 7 », est-il indiqué.
Par ailleurs, huit participants sous bithérapie « allégée » (sur 219) « ont présenté un critère d’échec virologique (charge virale détectable à plus de 50 copies/ml à deux reprises en un mois) », lit-on, alors qu’« aucun échec n’a été observé » dans le groupe de prise continue. Aussi, « les "blips" de réplication virale (charge virale détectable avec contrôle indétectable dans les 4 semaines) ont été plus fréquents chez les participants en 4 jours/7 que chez les participants en 7 jours/7 (10 % versus 3.3 %). Cependant, aucun des blips observés n’a conduit à un échec ultérieur ». Les hypothèses explicatives seront détaillées « dans les publications scientifiques à venir », est-il conclu.
Pas d’allègement sans suivi médical
Dans un communiqué du 17 mai, le collectif interassociatif TRT-5 CHV rappelle que seule la trithérapie peut être réduite à une prise 4 jours sur 7 et alerte sur les risques « d’allègement sauvage » pratiqué par certains patients vivant avec le VIH qui modifient leur traitement sans avis médical. « Malgré les envies compréhensibles des personnes à vouloir alléger leurs traitements, il est essentiel que l’allègement fasse preuve d’un bénéfice pour la santé démontré grâce à des essais cliniques validés et qu’il soit accompagné d’un suivi médical régulier », insiste le collectif. Sans avis médical sur un allègement thérapeutique, « il est possible de s’exposer à la création de résistances à son traitement, et devoir dans les cas les plus importants, changer de classes de médicament », alerte-t-il.
Depuis quelques années, la recherche œuvre à l’allègement des stratégies thérapeutiques contre le VIH : « on cherche la même efficacité mais avec moins de molécules (allègement moléculaire), des formes galéniques plus simples (trois molécules en un comprimé, des injections) et/ou des prises moins quotidiennes », explique le collectif. En élargissant le panel des stratégies disponibles, l’objectif est double : individualiser les prises en charge et réaliser une « épargne thérapeutique » (limiter l’exposition aux antirétroviraux en réduisant les molécules ou les prises).
Un pas important a été franchi en 2019. L’ANRS présentait alors les résultats définitifs de l’essai « Quatuor » au congrès de la Société internationale du sida (IAS), à Mexico. L’étude démontrait l’efficacité d’une prise 4 jours sur 7, dégageant des « week-ends off » et réduisant l'impact des trithérapies.
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