Un test développé par une équipe américaine combine la facilité d’utilisation du test salivaire avec la fiabilité du test sanguin, d’après des résultats préliminaires parus dans les « PNAS ». Ce qui permettrait de tester plus rapidement davantage de personnes réticentes à la prise de sang ou chez lesquelles ce type de test est difficile à réaliser.
Les auteurs s’inquiètent du fait que pendant la période aiguë, juste après l’infection, les patients sont 26 fois plus contagieux et que la moitié des transmissions ont lieu alors, avant la mise sous traitement. Or, le test sanguin, le plus fiable précocement, n’est pas toujours accepté du fait de sa nature invasive et de sa difficulté d’utilisation, chez les enfants ou les usagers de drogues par exemple (à cause du faible diamètre des veines). Les auteurs soulignent aussi que les anticorps se maintiennent dans la salive à température ambiante, ce qui présente un intérêt quand le maintien de la chaîne du froid ne peut être certifié. Ils précisent aussi que la salive est un substrat plus facile à collecter que le sang et présente l’avantage de ne pas être infectieuse.
Technologie ADAP pour détecter des anticorps en petit nombre dans la salive
Cependant, les tests salivaires actuellement employés ne sont pas aussi fiables que le test sanguin pour diagnostiquer la séropositivité au VIH : en effet, la concentration en anticorps est 1 000 fois moins grande dans la salive que dans le sang/plasma, en particulier aux stades précoces de l’infection. L’équipe de Carolyn Bertozzi, professeure de chimie à l’école de sciences de l’université de Stanford, et auteure senior de l’article, a donc cherché à combiner les avantages des tests salivaires à ceux des tests sanguins, pour détecter une petite quantité d’anticorps dans la salive. Les chercheurs ont pour cela utilisé une approche indirecte, avec une méthode de détection ultrasensible aux anticorps basée sur la technologie ADAP (PCR de détection d’anticorps par agglutination).
Jusqu’à 10 000 fois plus efficace que les tests salivaires actuels
Le nouveau test salivaire a été évalué sur 22 personnes séropositives au VIH, qu’il a correctement diagnostiqué ; et sur 22 personnes séronégatives, pour lesquelles il n’a pas diagnostiqué de faux positif. Par ailleurs, sur huit personnes pour lesquelles un test salivaire actuel ne pouvait conclure avec certitude, le test ADAP a pu conclure à la séropositivité pour six d’entre eux.
« Ce test présente une sensibilité et une spécificité de 100 %, et il est 1 000 à 10 000 fois plus sensibles que les tests salivaires actuels », écrivent les auteurs. « Nous espérons avec ce test pouvoir augmenter les taux de dépistage d’individus à risque, pour permettre un diagnostic et une mise sous traitement plus précoces. »
Les auteurs notent toutefois que les antigènes viraux utilisés dans cette étude sont dérivés du clade C du VIH1, et que les bons résultats obtenus ici doivent être confirmés pour d’autres clades.
La simplicité c’est bien, le suivi, c’est mieux
Cependant, comme le souligne François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes, qui avait récemment alerté sur le risque de confusion entre TROD, autotests et test ELISA en laboratoire, « plus un test est simple et efficace mieux c’est, mais il faut un suivi derrière, car c’est la prise en charge qui est importante. » Pour le biologiste, c’est ce que l’on fait de ce type de test qui change la donne. « Qui rend la réponse au test ? Et qu’est-ce que la personne en fait ? », ajoute-t-il. Bien sûr, éviter les piqûres peut être utile pour certains, et la question de la rupture de la chaîne du froid a son intérêt pour certains pays à faibles ressources, en revanche, « la charge virale sera plus basse chez les enfants, donc jusqu’à quel seuil ce test descendra-t-il ? Quant aux transmissions du VIH dans les laboratoires, elles sont devenues presque inexistantes avec les procédures accréditées mises en place. »
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