La dernière enquête de l’Ordre a confirmé le désengagement des médecins observé depuis quelques années dans la permanence des soins (PDS) ambulatoire en nuit profonde (de minuit à 8 heures). L’arrêt des gardes à minuit concerne désormais 67 % des territoires de garde, contre 61 % en 2013 et 55 % en 2012.
Mais un nouveau phénomène inquiète l’Ordre : la désaffection de la garde libérale sur la tranche 20h-minuit. Le mouvement a débuté en Charente-Maritime. En 2010, « une dizaine de secteurs du département avaient déjà cessé la garde entre 20 heures et minuit », relate le Dr Stéphane Bouges, responsable du pôle ambulatoire à l’ARS Poitou-Charentes. En cause : une démographie médicale déclinante « et un manque d’autorité des acteurs ». L’ARS ne s’est pas opposé à ce désengagement. « Nous n’avons pas souhaité engager le bras de fer avec les médecins libéraux », reconnaît Stéphane Bouges. La régulation libérale a été renforcée dans ce département, si bien que cette absence de praticiens effecteurs se passe sans heurts.
En Basse-Normandie, la garde de 20 heures à minuit a cessé depuis le début de 2014, sauf à Caen et Cherbourg où SOS Médecins continue à officier. « Sur des secteurs de 60 000 habitants, il y avait en moyenne moins d’un acte quotidien en première partie de nuit, ça ne valait pas le coup », explique le Dr Antoine Leveneur, président de l’URPS médecins libéraux. L’URPS, la fédération régionale de PDS et les ordres départementaux ont proposé à l’ARS, qui l’a accepté, d’arrêter les frais. Depuis, aucun problème n’a été signalé.
Faute de combattants...
Enfin, dans le Languedoc-Roussillon, deux secteurs de garde (dans l’Aude et dans les Pyrénées-Orientales) n’assurent plus la tranche 20h-minuit. « Ces territoires ont cessé la garde faute de combattants, mais nous faisons tout pour la restaurer », indique le Dr Jean-François Razat, responsable du pôle soins de premier recours à l’ARS. L’Ordre a répertorié un troisième secteur en difficulté où l’ARS expérimente discrètement une permanence des soins sans libéraux. Dans tous les lieux délaissés par l’effection, les patients peuvent encore bénéficier du conseil téléphonique d’un médecin régulateur. Pour les cas plus graves, l’aide médicale urgente prend le relais.
Ces arrêts de la garde entre 20 heures et minuit risquent de se multiplier avec les nombreux départs à la retraite dans les toutes prochaines années. « Nous faisons tout pour que ce phénomène ne s’étende pas mais il va y avoir un gap à passer avant que la hausse du numerus clausus produise ses effets », confie Stéphane Bouges. Durant cette période, l’ARS pourrait accepter que la garde s’arrête à 23 heures dans les territoires manquant de volontaires. Mais pas question de baisser les bras. « Dans les secteurs de Charente-Maritime où la garde continue entre 20 heures et minuit, des médecins veulent arrêter mais nous la maintenons », poursuit-il.
Jusqu’à quand ? Le volontariat décline inexorablement. En 2014, 63 % des départements avaient un taux de médecins volontaires supérieur à 60 % contre 73 % en 2012. Et 285 territoires tournent avec moins de 6 volontaires pour assurer la garde.
Le Dr Jean-Michel Béral, qui a piloté la dernière enquête ordinale, s’inquiète de « l’effilochage de la PDS ». L’Ordre prépare une cellule de réflexion sur le sujet. « Si on ne réagit pas, la tranche 20h-minuit pourrait elle aussi disparaître », conclut-il.
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