Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a rendu public ce 17 décembre les conclusions de sa « grande consultation » de la profession menée ces deux derniers mois. Depuis septembre, l’Ordre a organisé 16 réunions dans toute la France et lancé une enquête en ligne qui a fortement mobilisé les médecins.
Environ 35 000 praticiens ont répondu à cette enquête en ligne et les réponses de plus de 30 000 d’entre eux se sont avérées exploitables. Tous les modes d’exercice ont participé, tant libéraux qu’hospitaliers ou salariés. 200 médecins conseils de l’Assurance-maladie se sont aussi prêtés au jeu. Les premiers résultats de cette opération, rendus publics le jour-même de l’adoption définitive de la loi de santé par le Parlement, montrent combien la profession est inquiète pour son avenir professionnel.
Lourde charge de travail, contraintes réglementaires : un décalage entre rêve et réalité
Cette grande consultation met en évidence des praticiens fiers à 89 % d’exercer leur profession. Mais cette fierté n’est pas aveugle. 57 % d’entre eux (61 % chez les libéraux exclusifs) jugent leur charge de travail excessive, et 47 % ont du mal à trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Globalement, les sondés donnent une note de 6,3 sur 10 à l’adéquation entre leur vie professionnelle quotidienne et leurs attentes. « Il y a un décalage entre le métier rêvé et le métier exercé », note un praticien toulousain. Plus généralement, les sondés jugent à 78 % que le système de santé est certes satisfaisant pour les patients, mais beaucoup moins pour les médecins (30 %).
Le cahier de doléances en dit long sur le désabusement des praticiens. 97 % d’entre eux estiment subir trop de contraintes réglementaires, économiques et administratives, et 76 % assurent que l’exercice au quotidien est plus difficile qu’il y a dix ans. Signe d’une grande lassitude, seul un médecin sur deux recommanderait à un jeune de suivre sa voie ! Trois praticiens sur 4 sont pessimistes pour l’avenir de leur profession.
Un système à réformer
Les relations avec les autorités sont jugées conflictuelles. 74 % des praticiens sont insatisfaits de leurs rapports avec les pouvoirs publics, le pourcentage baisse à 55 % s’agissant de leurs liens avec l’Assurance-maladie et les ARS. Plus généralement, 93 % des sondés jugent insatisfaisant le pilotage de la santé par les pouvoirs publics. Résultat, 86 % d’entre eux se déclarent pessimistes sur l’avenir du système de santé, et 95 % sont convaincus qu’il faut le réformer ou l’adapter.
Le réformer, oui, mais pas le bouleverser. Seuls 20 % des praticiens sont favorables à un système ouvert aux acteurs privés, et 61 % veulent qu’il reste aux mains des pouvoirs publics. Plus généralement, les sondés plébiscitent la création de passerelles (79 %), la coopération ville hôpital (79 %), et l’exercice regroupé (73 %).
Libérer du temps médical
Parmi les souhaits des praticiens, le temps médical est clairement énoncé comme une priorité. 98 % d’entre eux veulent augmenter le temps consacré spécifiquement aux soins en réduisant les tâches purement administratives. La formation initiale n’est pas oubliée : 93 % jugent prioritaire ou important de la mettre en adéquation avec la réalité des exercices professionnels (adaptation du numerus clausus, réforme de l’internat...). Enfin, petite surprise liée à la liberté d’installation, si 48 % des sondés sont défavorables au conventionnement sélectif des médecins, 25 % s’y déclarent favorables, et 27 % sont sans opinion.
Le 26 janvier prochain, l’Ordre rendra public un livre blanc contenant ses propositions, issues de cette grande concertation, pour la réforme du système de santé. L’institution, qui reste convaincue que la loi de santé sera partiellement détricotée ultérieurement, quelle que soit la prochaine majorité, veut aussi influer sur le déroulement de la grande conférence de santé du gouvernement, qui se tiendra le 11 février prochain.
Les résultats complets de la consultation nationale sont disponibles sur le site de l’Ordre.
Mise au point
La périménopause
Mise au point
La sclérose en plaques
Etude et Pratique
Appendicite aiguë de l’enfant : chirurgie ou antibiotiques ?
Mise au point
Le suivi des patients immunodéprimés en soins primaires