AFIN DE MIEUX PRÉVENIR les accidents à l’origine des traumatismes crâniens, améliorer la qualité de la prise en charge et de l’accompagnement des victimes et sécuriser leur retour et maintien dans la vie ordinaire, Nora Berra, secrétaire d’État à la Santé, et Marie-Anne Montchamp, secrétaire d’État aux Solidarités et à la Cohésion sociale, ont dévoilé mercredi dernier un nouveau « programme d’actions en faveur des traumatisés crâniens et des blessés médullaires », à l’occasion d’une visite à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches. Ce plan s’appuie sur les recommandations d’une mission conduite en 2010 par le Pr Pascale Pradat-Dhiel, chef du service médecine physique et réadaptation à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Chaque année, 155 000 Français sont pris en charge à l’hôpital pour un traumatisme crânien. Parmi elles, 8 500 seront traumatisées graves avec des séquelles invalidantes. Le nombre de blessés médullaires est estimé à environ 1 200 cas annuels. Imputables pour l’essentiel aux accidents de la circulation ou de la voie publique, aux chutes, aux activités sportives et de loisirs, ces accidents touchent majoritairement des jeunes adultes de 15 à 30 ans, les personnes de plus de 60 ans et les enfants.
Rupture brutale.
De nombreux traumatismes crâniens légers ne sont toujours pas orientés vers les urgences. Ils peuvent pourtant être sources de symptômes ou de difficultés dans la vie quotidienne, susceptibles d’entraîner des ruptures sur le plan professionnel, scolaire, familial, relationnel ou affectif. « Une étude menée par Pr Philippe Azouvi* en Île-de-France a pu montrer que 30 % des traumatisés crâniens les plus graves sortent directement des structures de soins aiguës sans suivi systématisé », relève le Pr Pradat-Dhiel.
Pour améliorer les connaissances épidémiologiques des traumatismes crâniens et des blessures médullaires, le nouveau programme d’actions gouvernemental prévoit la réalisation d’un document de synthèse sur la question sous l’égide de la Direction générale de la santé (DGS) et de l’Institut de veille sanitaire (InVS). Une étude sur « le devenir des traumatisés crâniens victimes d’accidents de la route », sera, elle, pilotée par la DGS. Dans le domaine de la prévention, le programme d’actions comporte plusieurs mesures pour « mieux informer les enfants et adultes victimes de traumatismes crâniens légers » et « sensibiliser les professionnels de santé aux conséquences à court, moyen et long terme ». Une large campagne d’information sur le syndrome du bébé secoué sera également menée cette année en direction du grand public et des professionnels de santé. Une rubrique dédiée aux traumatisés crâniens et blessés médullaire verra par ailleurs le jour sur le site Internet du ministère de la Santé.
Pour éviter les ruptures de prise en charge des personnes traumatisées crâniennes, le plan inclut une réadaptation de l’offre de soins, actuellement calibrée sur une incidence annuelle de traumatismes crâniens et une typologie des causes de traumatismes qui remonte à plus de 10 ans. « Il est temps de revoir l’organisation de cette offre de soins », déclare Nora Berra. Les agences régionales de santé (ARS) devront d’abord identifier les carences de l’offre hospitalière « tout au long de la filière de prise en charge sanitaire du traumatisme crânien ».
Consultations de suivi.
Des consultations de suivi « systématisées et multidisciplinaires » seront mises en place pour éviter un retour à domicile d’un traumatisé crânien sans suivi médical. Un centre ressource national sur le traumatisme crânien verra le jour sur la base du Centre de ressources francilien du traumatisme crânien. « Il y aura une déclinaison en inter-région de ce centre de ressource », annonce la secrétaire d’État à la Santé. Nouveauté importante, l’activité de soins de longue durée (SLD) actuellement restreinte à la prise en charge des personnes âgées dépendantes sera ouverte aux personnes de moins de 60 ans. Les travaux d’élaboration des décrets d’autorisation de l’activité de SLD débuteront au cours de ce semestre. Pour que tout le dispositif fonctionne parfaitement, « nous devons avoir des professionnels parfaitement formés au repérage des traumatismes crâniens et à leur prise en charge », insiste Nora Berra. Le plan prévoit de développer la formation médicale initiale et continue sur cette thématique. Afin d’améliorer le retour et le maintien des personnes accidentées en milieu de vie ordinaire, les ARS auront la charge de coordonner les différentes interventions médico-sociales. Enfin, pour favoriser l’autonomie et l’insertion sociale des personnes traumatisées crâniennes, 40 nouveaux groupes d’entraide mutuelle (GEM) seront créés cette année sur l’ensemble du territoire pour un coût de 3 millions d’euros.
*Service médecine physique et réadaptation adulte à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches.
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