« En croyant bien faire, les consommateurs eux-mêmes peuvent être complices d’une pollution encore plus insidieuse », explique le magazine « 60 millions de consommateurs » qui dresse, dans son dernier hors-série, une liste noire de 46 produits désodorisants, désinfectants, assainissants et autres antiacariens. Les auteurs de cette étude ont ainsi relevé la présence de 4 à 8 allergènes dans 70 % des sprays aux huiles essentielles qu’ils ont testés et que les fabricants vantent à grand renfort d’arguments liés au caractère « naturel » ou « bio » de leurs produits.
Le problème est que la quasi-totalité des huiles essentielles contenues dans ces sprays émet un composé organique volatil (COV) connu pour son action irritante et allergisante : le limonène. Le magazine cite ainsi une expérience réalisée en 2016 par le Pr Frédéric de Blay, chef du pôle Pathologie thoracique du Nouvel hôpital de Strasbourg qui montre des concentrations en limonène 10 fois supérieures aux limites d’exposition établies par la Commission européenne une demi-heure après pulvérisation d’un de ces produits selon les recommandations d’usage. Verdict du Pr de Blay : « Les personnes asthmatiques ne doivent pas utiliser ces sprays. » Quant aux autres, « 60 millions de consommateurs » les enjoint également à passer leur chemin pour ne pas risquer de se sensibiliser à la suite d’expositions fréquentes.
Des pesticides « domestiques »
Pour lutter contre les acariens dont la présence en surnombre peut poser de réels problèmes aux asthmatiques qui sont 85 % à y être allergiques, les industriels proposent des produits acaricides à base de pyréthrinoïdes. Le magazine cite des études américaines réalisées sur ces pesticides interdits en usage agricole et que l’on retrouve également dans certains shampoings anti-poux qui ont mis en avant des risques de baisse de la fertilité chez l’homme et de retard de développement chez l’enfant dont la mère avait été exposée durant le troisième trimestre de sa grossesse.
Par ailleurs, le mode de diffusion privilégié de ces antiacariens par les fabricants étant l’aérosol, « les toxiques pulvérisés sous forme de particules fines peuvent pénétrer très profondément dans l’appareil respiratoire », explique au magazine Martine Ott, conseillère médicale en environnement intérieur au Nouvel hôpital de Strasbourg. Enfin, les chats qui sont dépourvus de glucuronosyltransférase, l’enzyme hépatique qui a notamment pour fonction la détoxication des pyréthrinoïdes, sont en danger en cas d’exposition.
« 60 millions de consommateurs » déplore également que de nombreux produits soient en flagrante infraction avec la réglementation européenne sur l’étiquetage : 70 % des produits analysés ne respecteraient pas la taille réglementaire du pictogramme de danger. Adeline Tregouët, rédactrice en chef déléguée et co-auteure de l’enquête explique d’ailleurs que « tous les spécialistes contactés sont stupéfaits » par ces pratiques qui pourraient s’expliquer par le fait que « ces produits sont encore assez récents » et qu’ils ont, jusqu’à maintenant, « réussi à passer sous les radars ».
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