Depuis 2016, les médecins peuvent prescrire de l'activité physique comme n'importe quelle autre thérapie. Toutefois, des freins persistent à la mise en œuvre de cette nouvelle pratique. Pour accompagner les médecins et les aider à mener des consultations dédiées à l'activité physique, la Haute Autorité de Santé (HAS) a élaboré un guide.
Une thérapeutique à part entière
Ce guide dresse notamment un état des lieux des connaissances sur activité physique et santé et fournit des éléments aux médecins concernant l'évaluation du risque cardiovasculaire, de la condition physique et de la motivation du patient.
« Il s'adresse en particulier aux médecins de ville : ce sont les meilleurs interlocuteurs pour convaincre les patients des bénéfices de l'activité physique, souligne le Pr Dominique Le Guludec, présidente de la HAS. Il est de plus démontré que la prescription est un facteur d'adhésion à l'activité physique. »
« Le médecin doit montrer à tout patient qu'il existe une activité physique adaptée à son état de santé, ajoute le Dr Alexandre Feltz, médecin généraliste et adjoint au maire de la ville de Strasbourg en charge de la santé publique. Il n'existe quasiment aucune contre-indication à l'activité physique légère à modérée. »
« L'activité physique est une thérapeutique à part entière dans la prise en charge des maladies chroniques : elle améliore les symptômes, équilibre la maladie, favorise le lien social… », liste le Dr Martine Duclos, médecin du sport et physiologiste au CHU de Clermont-Ferrand.
L'activité physique, essentielle aussi en prévention primaire
« Aujourd'hui, des médecins prescrivent de l'activité physique en prévention secondaire et tertiaire, mais l'enjeu du guide est aussi de sensibiliser à la prévention primaire », note le Dr Feltz. Il appelle « l'ensemble de la population à se saisir de cette thérapeutique validée ». Les temps de déplacement sont notamment importants pour augmenter le temps d'activité : « L'objectif est de transformer des parcours contraints en parcours santé, que ce soit à pied, à vélo, même à assistance électrique », précise le médecin généraliste.
Une pratique encadrée est nécessaire pour les patients atteints de maladie chronique. « Le guide donne aux médecins les bons termes afin de faciliter les échanges avec les encadrants de l'activité physique adaptée notamment, pour une multidisciplinarité efficace », estime le Pr François Carré, cardiologue au CHU Pontchaillou de Rennes.
Le Pr Le Guludec espère que « les médecins s'emparent de ces outils afin d'améliorer la prescription de l'activité physique sur tout le territoire ».
Le sport sur ordonnance n'est pas sans poser la question du financement. Le Dr Feltz déplore que l'Assurance maladie ne se soit pas encore engagée. La stratégie nationale sport santé, élaborée conjointement par le ministère des Sports et le ministère des Solidarités et de la Santé, sera présentée au plus tard au cours du premier trimestre 2019, selon Nadia Mimoun, chargée de mission Sport Santé, de la direction des Sports. Cette stratégie devrait répondre aux questions d'organisation et de financement. « L'objectif est de mettre en place des maisons sport santé pour accueillir toute personne, afin d'évaluer sa condition physique et sa motivation avant de l'orienter vers des structures adaptées », présente Nadia Mimoun.
Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) s'est également emparé de la question du sport santé. Le Dr Alain Calmat, président de la commission médicale du CNOSF, a annoncé la parution du « Vidal du sport » le 3 décembre prochain. « Ce "médicosport santé", dictionnaire à visée médicale des disciplines sportives, regroupe des fiches destinées aux médecins présentant des protocoles d'activité physique adaptée élaborés en partenariat avec les fédérations sportives », explique-t-il.
En complément de son guide, la HAS propose six référentiels spécifiques à l'obésité, au diabète de type 2, à la bronchopneumopathie obstructive, à l'hypertension artérielle, à la maladie coronaire stable ou à l'accident vasculaire cérébral. D'autres suivront en 2019 concernant le cancer, les personnes âgées, l'insuffisance cardiaque chronique, la dépression et la grossesse.
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