Alors que l'entrée dans la maladie d’Alzheimer se fait vers l'âge de 70 ans et que le risque de dépendance diminue fortement en retardant de cinq ans le début des symptômes, quatre programmes de prévention ont été présentés lors de la dernière rencontre du collectif Alzheimer.
Manque d’activité physique, absence de lien social, mauvaise nutrition, hypoacousie, mauvais sommeil, consommation d’alcool, hypercholestérolémie, anxiété ou dépression, ces facteurs de risque modifiables sont à l’origine de 40 % des troubles cognitifs au cours de la maladie.
Mis en place par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le programme Icope prend en compte six fonctions : la vue, l’audition, la mémoire, le bien-être psychique, l’état nutritionnel et la mobilité. La mobilité s’évalue par exemple en demandant au patient de se lever cinq fois d’une chaise, l’humeur en recherchant s’il s’est senti déprimé dans les 15 jours précédents. Sont également évaluées l'orientation dans le temps, ainsi que la mémoire immédiate et à plus long terme.
En cas d’anomalie, un bilan plus approfondi est effectué avant un plan de soins et de monitoring, a expliqué le Pr Bruno Vellas, gériatre au CHU de Toulouse. L’OMS espère diminuer le nombre de personnes âgées dépendantes de 15 millions d’ici à 2025 dans le monde (dont 15 000 en France). Le programme Icope est déjà appliqué dans l’Hexagone en Occitanie auprès de 11 000 seniors. Son but : changer les modes de vie afin de retarder les dépôts amyloïdes et la phosphorylation de la protéine tau.
D'autres leviers encourageants
D'autres programmes de repérage sont proposés, notamment la grille AVEC pour les troubles sensoriels. Plusieurs études de suivi de population ont révélé un risque
accru de démence chez les personnes ayant des problèmes auditifs, avec une moindre incidence chez ceux utilisant un appareil auditif, a rapporté le Dr Arach Madjlessi
gériatre, président de la Société française de réflexion sensori-cognitive, soulignant ainsi l’intérêt d’un appareillage rapide.
La grille AVEC évalue la vue et l'audition à l'aide d'un questionnaire patient et l’équilibre et la cognition par des tests effectués par le soignant. Par exemple, pour l’audition : « Avez-vous des difficultés à comprendre… quand plusieurs personnes parlent ensemble ? » ou « … quand vous ne voyez pas le visage de la personne qui vous parle ? ». Selon le Dr Madjlessi, un test AVEC élargi pourrait intégrer la nutrition, l’environnement, les médicaments, la dépression et les comorbidités.
Autre programme entrepris avec l’OMS, le projet Finger s'intéresse à l’activité physique, l’entraînement cognitif, l’activité sociale, le régime de soins, le contrôle du cholestérol, du diabète et de l’obésité. La méthode, initialement dévolue aux stades avancés d’Alzheimer (avec un recul de 11 ans de mise en œuvre) est maintenant évaluée aux stades précoces. Cette approche a amélioré la cognition (mémoire, vitesse de traitement), mais aussi la qualité de vie, tout en diminuant de 60 % la survenue de maladies chroniques, a expliqué la Pr Miia Kivipelto de l’université de Finlande orientale à Kuopio. En 2021, 40 pays font partie du réseau mondial Finger, dont la France au sein d'Eurofinger avec l’appui du réseau Méderic Alzheimer.
D'autres initiatives sont à souligner, comme le rôle joué par les centres médico-sociaux de l’Agirc-Arrco, qui accompagnent 20 millions de personnes au sein de 14 centres de prévention dans 70 départements français. Ces structures participent au dépistage et à la prise en charge des patients atteints d’Alzheimer à l'aide d’un bilan personnalisé par un médecin et un psychologue. La mise en place d’actions en vue de préserver l'autonomie permet une économie annuelle de 200 millions d’euros à la collectivité, a souligné Frédérique Decherf, directrice de l’action sociale de l’organisme.
*Rencontre organisée le 14 septembre 2021 à Lyon
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