« UNE ÉPIDÉMIE QUI PROGRESSE, un financement des soins qui s’essouffle ». À l’approche de la journée mondiale de la BPCO du 14 novembre, l’association du même nom interpelle les pouvoirs publics pour remobiliser les différents acteurs autour de cette maladie qui coûte déjà beaucoup à la Sécurité sociale malgré un très important niveau de sous-diagnostic.
Avec une prévalence estimée en France entre 5 et 10 % chez les plus de 45 ans, la broncho-pneumopathie chronique obstructive concerne environ 3,5 millions de personnes dont 1 million de malades symptomatiques. En raison notamment de la banalisation des symptômes chez les sujets fumeurs, près de 3 patients sur 4 ne sont toujours pas diagnostiqués. Lorsqu’un diagnostic est établi, il intervient dans près de 50 % des cas au cours d’une hospitalisation consécutive à une exacerbation de la pathologie. « Il y a, encore à notre époque, trop de patients qui sont diagnostiqués au stade de l’oxygénothérapie », souligne le Dr Yves Grillet, président de l’association BPCO. Ces prises en charge tardives se traduisent souvent dans le système de soins par un accroissement des patients inscrits au régime des affections de longue durée pour insuffisance respiratoire chronique grave (près de 344 000 patients en 2011 dont 200 000 hors asthme).
Des messages basiques.
Représentant un total de 887 millions d’euros en 2009, les hospitalisations représentent le premier poste de dépense de cette ALD. En moyenne, l’assurance-maladie consacre 7 500 euros par an à ces patients, 35 % des coûts concernent les 5 % des cas les plus sévères. Censé améliorer la connaissance, la prévention et la prise en charge de la BPCO, le programme d’action gouvernemental (2005-2010) en faveur de cette maladie est loin d’avoir eu l’impact escompté. Faute de moyens suffisants, « aucune vraie réponse, concrète et efficace, n’a été apportée aux patients », déplore l’association BPCO.
Le Dr Yves Grillet cite l’exemple de quelques « aberrations » qui perdurent aujourd’hui plus de deux ans après l’échéance du plan. « Les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) complètes, indispensables au diagnostic ne sont toujours pas obligatoires. Quant à la réhabilitation respiratoire (RP), à l’efficacité unanimement reconnue et préconisée par la Haute Autorité de santé (HAS), elle ne fait toujours pas l’objet de la cotation d’acte par l’Assurance-maladie », résume-t-il. En février dernier, la HAS a publié un guide du parcours de soins sur la BPCO, « dont l’exhaustivité et la clarté devraient permettre de relancer le débat engagé en 2005, en impliquant dans les réflexions l’ensemble des acteurs » engagés dans cette maladie. « C’est une bonne chose de vouloir organiser des articulations entre les différents acteurs en sachant qui fait quoi. Après on peut s’interroger sur l’appropriation de ce guide en pratique par les médecins », considère le Dr Grillet qui juge essentiel de revenir à quelques messages basiques mais ô combien primordiaux.
Parole aux patients.
« La BPCO est une question que les médecins n’abordent peut-être pas suffisamment avec leurs patients, notamment tabagiques. Un patient fumant 20 cigarettes par jour ou 20 paquets année devrait systématiquement bénéficier d’une exploration fonctionnelle respiratoire », ajoute le président de l’association. Si le parcours de soins est aujourd’hui plus clairement tracé – au moins sur le papier – « reste encore à identifier les pistes de nouveaux instruments de valorisation financière permettant de le mettre correctement à l’œuvre », souligne l’association qui lance par ailleurs un appel à « tous les acteurs de santé » afin d’ouvrir un dialogue commun pour « trouver des solutions ». L’association BPCO entend enfin « donner la parole aux patients » en lui donnant accès à une plateforme internet dédiée. Cet espace qui doit être lancé en début d’année 2013 permettra aux patients d’échanger, de recueillir des conseils et d’avoir accès à une carte personnalisée sur le suivi de leur maladie.
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