Les patients asthmatiques ayant consulté un pneumologue restent trop peu nombreux, déplorent les associations. Parmi les 33 propositions du livre Blanc « Asthme et inégalités » publiées en septembre dernier, aucune n’aborde la nécessité de systématiser la place du pneumologue dans le parcours de soins. L’une d'entre elles propose uniquement de systématiser l’orientation vers un pneumologue de tout patient passant aux urgences pour une crise d’asthme.
Quatre associations de patients − l’Association Asthme et Allergies, la Gregory Pariente Foundation, l’Association des Asthmatiques Sévères ainsi que la Fédération française des associations et amicales des malades, insuffisants ou handicapés respiratoires (FFAAIR) − se sont unies pour proposer une 34e recommandation post-Livre Blanc : consulter systématiquement un pneumologue au moins une fois, lorsque le diagnostic d’asthme a été posé par le médecin traitant et, si nécessaire, une fois par an. Pour les assocations, la place du spécialiste est primordiale pour confirmer le diagnostic, réaliser un bilan complet, ajuster le traitement et mener le suivi en coordination avec la ville.
Des décès et des hospitalisations évitables
La Société française de pneumologie de langue française (SPLF) avait pointé des facteurs évitables chez les deux tiers des patients décédés d’une crise d’asthme : 60 % n’avaient pas de suivi spécialisé ; 47 % avaient déjà été hospitalisés pour asthme ; 77 % n’avaient pas de plan d’urgence et 80 % pas (ou pas suffisamment) de traitement de fond par corticoïde inhalé*.
Face à ce constat, les quatre associations de patients - unies dans « Action Collective Asthme » - interpellent les autorités de tutelle pour agir sans tarder. Car, si le parcours de soins d’un patient asthmatique permet la visite chez le pneumologue − prise en charge à 70 % par l’Assurance-maladie, dès lors qu’elle est prescrite par le médecin traitant − combien de patients se la voient proposer ? Et combien consultent en réalité ? Le surcoût d'une visite systématique pour tout nouveau patient devrait être mis en regard des coûts d'hospitalisation (plus de 60 000 chaque année) pour décompensation respiratoire liée à un asthme, soulignent les associations.
Éducation thérapeutique, observance, plan personnalisé
Les raisons de consulter un pneumologue sont multiples. « Asthme & Allergies œuvre pour un accès facilité à l’éducation thérapeutique et préconise la réalisation de la mesure du souffle chez un pneumologue, un allergologue ou dans un laboratoire spécialisé », explique Christine Rolland, directrice de l’association. « Optimiser l’observance et le bon contrôle de l’asthme, notamment pendant l’adolescence, est le combat de la Gregory Pariente Foundation (GPFD) qui plaide pour la visite d’un pneumologue une fois par an », poursuit Françoise Pariente Ichou, responsable scientifique de la GPFD.
Pour sa part, Chantal Harnois, présidente de l’association des asthmatiques sévères souligne que « le diagnostic de l’asthme, lorsqu’il est sévère, n’est pas facile. Il nécessite parfois, plusieurs années de prise en charge ou de suivi ; ces dernières passent nécessairement par le pneumologue ». D'après Liliya Belenko-Gentet, membre du conseil d'administration de la FFAAIR, « le rôle de ce spécialiste est, en outre, d’élaborer avec le patient un plan d’action écrit et personnalisé. Ce plan va le guider dans la vie quotidienne avec des mesures pour adapter l’environnement et lutter contre le tabagisme ».
L'initiative d'« Action Collective Asthme » est soutenue par le Pr Chantal Raherison, présidente de la SPLF. « Il est important d'améliorer le diagnostic de l’asthme, avec le recours à la spirométrie. L’amélioration du parcours de soins des patients asthmatiques à risque de forme grave vers le pneumologue constitue une priorité de santé publique », conclut-elle.
*SPLF-2018-Asthme et urgence-Royal college of physicians. Why asthme still kills : the national review of asthma deaths. London : RC
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