LA QUERELLE a eu le retentissement que garantissaient un différend entre deux ministres du gouvernement, des commentaires sur le Mondial et la passion populaire qu’il entraîne. Elle s’inscrit dans une relation conflictuelle entre les deux dames, la jeune et la plus âgée, la moderne et la conservatrice. La première est arrivée à son poste après avoir fait un numéro de charme au président, qui souhaitait l’évincer du gouvernement après qu’elle eut exprimé, en tant que secrétaire d’État aux Droits de l’homme, des idées que n’approuvait Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères. La seconde accepte mal que Rama Yade ait pris la place de Bernard Laporte dans une fonction où un sous-ministre n’était peut-être pas indispensable.
Nous avons appris que nos joueurs nationaux, en qui nous avons placé tous nos espoirs (et comment faire autrement ?), habitaient des chambres d’hôtel à 600 euros la nuit.
LE FOOT N’EST PAS LE REMÈDE DES MAUX SOCIAUX
Ce qui a conduit Jean-Luc Mélenchon, sénateur et chef du Front de gauche, à déplorer que le peuple des smicards applaudissent des vedettes du foot aussi coûteux. Mais enfin, le football est une affaire privée, financée par une Ligue nationale qui dispose d’un gros budget. Le contribuable ne paie pas pour les joueurs. Rama Yade a toutefois mis le doigt sur la plaie. Notre défaite devant la Chine n’est pas de bonne augure. Un sondage international vient de montrer que 2 % seulement des amateurs de foot croient que la France pourrait emporter le Mondial. Nous-mêmes, en France, nous voulons y croire, mais notre exercice relève de la méthode Coué.
Tous pour eux !
Bien entendu, Roselyne Bachelot n’a pas tout à fait tort : si nous commençons à critiquer le train de vie des joueurs nationaux, nous allons les démoraliser tout autant que leur défaite devant la Chine. La ministre réclame un élan sacré quand la secrétaire d’État exprime des doutes bien naturels. Le prochain remaniement les mettra d’accord et, pendant que leur cœxistence se poursuit cahin-caha, le public français ferait mieux de ne pas nourrir d’excessives illusions. Il y a une hypertrophie du football, en France et ailleurs, qui nous distrait de problèmes que le foot ne peut résoudre. Si la France, par miracle, l’emportait, la victoire, assurément, reproduirait le bonheur de 1998, la fameuse France bleu-blanc-noir, l’espoir d’un pays rendu à sa sérénité, capable de triompher de ses divisions et de ses crises sociales. Mais 1998 n’a pas empêché les émeutes de 2005 dans les cités, ni une crise qui risque de nous conduire à la ruine, ni les sérieuses inquiétudes que chacun de nos concitoyens nourrit pour son avenir. Le gouvernement espère que la coupe du monde lui permettra d’administrer au peuple la potion amère qu’il lui prépare pour l’été, sous la forme d’une sévère mais indispensable réforme des retraites. C’est un nouveau pari qu’il peut perdre si l’équipe de France est vaincue prématurément et que les Français sont renvoyés trop tôt à leurs coutumières mais lassantes préoccupations.
Le sport n’est pas un alibi.
On est donc en droit de douter des vertus sociales du foot, comme on doute de ses effets sur les comportements d’un public, trop souvent voué à la violence, à cause de la passion même que ce sport soulève. L’Afrique du Sud, pays d’accueil, investit elle aussi plus d’énergie qu’elle ne devrait dans ce plus grand tournoi du monde où elle voit une consécration politique. Les reportages diffusés sur toutes les ondes et auxquels on ne peut échapper montrent l’enthousiasme échevelé des Sud-Africains et beaucoup d’entre eux se livrent à des analyses d’une complexité surprenante. Ils décèlent dans cette compétition planétaire le signe avant-coureur d’une forte évolution de la société multiraciale voulue par Nelson Mandela. Les potentialités de ce pays sont certes immenses. Mais ses problèmes, le SIDA, les inégalités, les vastes poches de misère, la criminalité qui atteint des proportions insupportables, la très imparfaite intégration raciale ne seront jamais résolus par quelques matches de football. L’immense Mandela est encore vivant et sert de phare à la nation, mais la gestion du pays laisse à désirer, même si l’on est tout prêt à reconnaître qu’elle est extrêmement difficile. On voudrait bien que le foot ne soit qu’un sport ou spectacle et qu’il ne serve pas d’alibi ou de compensation à des maux que la France et l’Afrique du Sud ne parviennent pas à éliminer.
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