Sept Français sur dix considèrent qu'il existe des inégalités face au cancer, révèle l'édition 2 019 de l'Observatoire cancer, réalisée par Viavoice pour l'Institut Curie*. La réduction des inégalités est l'une des priorités du 3e plan Cancer 2014-2019.
Les Français se montrent notamment inquiets au sujet de l'accès aux traitements innovants du cancer. Quelque 43 % estiment que le système de santé ne garantira pas l'équité, dans les années à venir. Des proportions qui s'élèvent à 48 % chez les employés et les ouvriers et à 50 % parmi les personnes résidant dans les communes rurales, précise cette enquête.
Méconnaissance des remboursements
Ces craintes sont en outre nourries par des idées fausses : les trois quarts des personnes interrogées (76 %) pensent que les traitements innovants comme les immunothérapies ou les nanomédicaments ne sont pas intégralement remboursés par l'Assurance-maladie. Ils le sont, pourtant, dès lors qu'ils sont prescrits dans le cadre d'un essai clinique et qu'ils ont obtenu une autorisation de mise sur le marché, précise l'Institut Curie. Un tiers des sondés pense à tort que les traitements « classiques » liés au cancer ne sont pas intégralement remboursés par l'Assurance-maladie.
Concernant le prix des thérapies, le président du directoire de l'Institut Curie, Thierry Philip, reconnaît qu'il y a « urgence à trouver des solutions pour éviter une situation qui posera un grave problème éthique ». Le coût des médicaments contre le cancer est passé de 1 milliard d'euros en 2000 à 3,5 milliards d'euros aujourd'hui, rappelle-t-il. Une augmentation « supportable ». Mais si le rythme observé ces trois dernières années se maintient, on atteindra « près de 10 milliards pour les médicaments du cancer » en 2025, ce qui pourrait fragiliser l'égalité d'accès à l'innovation et aux meilleurs traitements à l'ensemble des citoyens, écrit-il.
Le médecin, principale source d'information
L'accès à l'information, à la prévention et au dépistage est aussi au cœur des inquiétudes des Français. Plus de la moitié des sondés se dit insuffisamment informée de la prise en charge et des soins (55 %), du dépistage (53 %) et de la prévention (52 %). L'enquête démontre le rôle crucial du médecin, puisque 47 % des Français (voire 60 % des plus de 65 ans) le citent comme principale source d'information, devant les campagnes de prévention ou les médias.
Quant aux obstacles sur le chemin du dépistage, les Français critiquent la difficulté à obtenir un rendez-vous, l'éloignement géographique des centres et le manque de moyens financiers. Enfin, ils plébiscitent le développement de la télémédecine pour améliorer l'accès aux professionnels de santé.
* Sondage réalisé en ligne du 13 au 17 mai 2019 auprès d'un échantillon national représentatif de la population française de 18 ans et plus, de 1 002 personnes.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque