Les Européens ont compris que ce qui protège l'Europe, c'est sa formidable force d'inertie. Ils savent que, si on ne se lance pas dans l'entreprise de la détruire, elle poursuit sur sa lancée. Le référendum britannique lui a porté un très mauvais coup parce qu'il relève d'une initiative humaine que d'autres Etats risquent d'imiter. Mais le sondage de l'Ifop montre que les Européens ne souhaitent pas du tout la fin de l'Union, pas plus que celle de la monnaie unique et que, en majorité, ils sont conscients des avantages que procure l'Union à ses membres. Voilà pourquoi, l'Europe, en dépit des multiples oiseaux de malheur qui volent au-dessus de sa tête, a si bien résisté à la crise de 2008, à la crise grecque, ou à l'immigration clandestine. La menace ne peut venir vraiment que de l'europhobie, de la peur irrationnelle qu'instillent les partis d'extrême droite dans la pensée populaire. Le mouvement populiste italien des Cinq étoiles, par exemple, réclame avec insistance le retour de l'Italie à la lire. Il faudrait que l'on explique aux Italiens que, avec la lire, ils devront se déplacer avec des tombereaux de billets pour aller acheter leur pain.
Mais, bien sûr, on ne viendra pas à bout de l'europhobie en répondant par des menaces à ceux qui sont tentés par le repli sur soi. Les dirigeants britanniques ont commis une erreur historique qu'ils ont eux-mêmes reconnue, le lendemain même du référendum. Lequel les a divisés en deux camps égaux mais affreusement hostiles, comme en témoigne la pétition signée par près de cinq millions de personnes exigeant un nouveau référendum. Nous avons tous constaté que, à l'aubre du 24 juin, il n'y avait plus un seul eurosceptique disponible pour prendre la parole. Les Johnson, Farage, Gove étaient paralysés, démissionnaires, inquiets, comme vaincus par leur propre délire. La consternation se lisait sur le visage de Boris Johnson, néanmoins nommé au Foreign Office par la nouvelle Première ministre, Theresa May. Le voilà qui nous dit aujourd'hui qu'il va travailler pour que le Royaume-Uni continue d'occuper une position forte au sein de l'Europe.
Pour une politique ferme à l'égard de Londres.
Stop ! Pour occuper une position forte en Europe, il faut être membre de l'Union. M. Johnson, qui n'a cessé de mentir avant le référendum, continue à mentir. Mais cette fois, il ne pourra pas faire à Bruxelles ce qu'il a fait à Londres. Il pouvait duper ses concitoyens, pas la Commission de Bruxelles. Franchement, il serait bon que les dirigeants européens expliquent courtoisement aux Britanniques qu'ils doivent payer leur erreur historique, qu'ils ne peuvent pas avoir un pied dedans et un pied dehors, que si l'Europe est un excellent tremplin pour exercer une diplomatie plus puisante et plus efficace, eh bien la Grande-Bretagne vient de se priver de cet atout. L'UE ne doit pas chercher l'affaiblissement du Royaume-Uni, parce qu'elle a intérêt à ce qu'il reste fort économiquement. Tous les accords commerciaux et de libre-échange peuvent être conclus, mais les Britanniques doivent savoir que, pour ce qui est du rayonnement dans le monde, il vaut mieux être 450 millions que 60 millions.
Ce qui intéresse les europhiles, c'est que la France et l'Allemagne mettent au point un discours de très grande fermeté. Il ne s'agit nullement d'humilier les Britanniques ou de les diminuer. Il s'agit seulement de les placer devant leurs propres responsabilités. Personne n'a demandé à David Cameron d'organiser une référendum et le recours au référendum doit rester dans la conscience britannique comme la pire des options démocratiques que l'on puisse proposer à un peuple. Chers concitoyens, observez bien les Anglais, suivez bien la négociation ultra compliquée qui va s'ouvrir. Et posez-vous la question : si le Front national réclame un référendum pour que la France quitte l'Europe, vous rendrait-il service ?
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