Les jeunes adultes, entre 18 et 30 ans, sont une population particulièrement vulnérable face à l'alcool, notamment les garçons, met en lumière une étude de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), qui par ailleurs va à l'encontre des idées reçues sur les profils socio-économiques des buveurs.
Si la consommation d'alcool des adolescents est souvent étudiée, notamment via l'enquête Escapad, peu d'études portent spécifiquement sur les 18-30 ans. Pourtant, « c'est entre 18 et 30 ans que le cerveau termine sa maturation, en particulier celle de la région du cortex préfrontal, zone de responsabilité, de capacité à planifier et à maîtriser ses impulsions. C’est également la période où se font ressentir les effets d’un manque d’acquisition scolaire ou de difficultés sociales et familiales éprouvées durant l’enfance et l’adolescence », lit-on. Sans oublier la moindre protection conférée par l'école, la famille, les pairs ou les dispositifs d'écoute, moins présents qu’auparavant.
À la lumière des données de l’enquête santé européenne (European Health Interview Survey-EHIS) menée en 2014 et des précédentes enquêtes santé françaises bisannuelles (enquêtes santé et protection sociale-ESPS) de 2002 à 2012, les chercheurs montrent que l’ensemble des 18-30 ans forment une population plus à risque de consommation problématique, notamment en raison d'une plus grande proportion de jeunes à risque ponctuel (hommes : 46,2 % contre 32,3 % tous âges confondus ; femmes : 26,2 % contre 14,6 %). Le risque chronique concerne une part non négligeable des 18-30 ans, presque aussi importante que chez les plus de 50 ans (part la plus élevée avec 13 % d'hommes concernés vs 12 % pour les 18-24 ans).
Les hommes deux fois plus touchés
L'enquête met en évidence de grandes différences selon les sexes, puisque les hommes ont deux fois plus de risque d'avoir une consommation problématique d'alcool. Ainsi, 57,5 % des hommes de 18-30 ans présentent un risque d’alcoolisation excessive (essentiellement sous forme de binge drinking), contre 28,2 % des femmes. Près des trois quarts des jeunes femmes ne présentent pas de risque (et 72 % n'en consomment pas), contre seulement 42 % des jeunes hommes (dont 19 % de non-consommateurs). Elles se distinguent aussi par une évolution plus rapide, dès 22 -23 ans, que les garçons vers une consommation maîtrisée.
Néanmoins, entre 2002 et 2014, l'Irdes pointe une dynamique convergente entre hommes et femmes, puisque les premiers voient leur risque global diminuer en raison d'une baisse de la dépendance, tandis que les secondes ont un risque global qui augmente légèrement, en raison d’une hausse du risque ponctuel.
Des jeunes actifs plus à risque
Contrairement à l'imaginaire collectif qui voudrait que les catégories les plus défavorisées ou les étudiants soient davantage exposés à l'alcool, c'est chez les actifs occupés qu'on retrouve le plus d'hommes de 18 à 24 ans avec une consommation à risque ponctuel (54 %) ou chronique (16 %), loin devant les chômeurs (respectivement 39 % et 12 %) et les étudiants (36 % et 10 %). L'âge avançant, le risque diminue chez les actifs et augmente chez les chômeurs. Pour les filles en revanche, les étudiantes présentent autant de risque que les actives, les jeunes femmes au chômage étant un peu moins touchées.
À partir de 25-30 ans, ce sont les catégories sociales supérieures, avec un plus haut niveau d'études, qui sont davantage concernées par des consommations problématiques. Surtout chez les hommes, puisque 70 % des cadres et professions intellectuelles sont touchés (vs 53 % d'ouvriers non qualifiés et 56 % de qualifiés). Chez les femmes, le risque recule avec l'âge, mais les cadres se distinguent particulièrement avec 40 % de risque ponctuel.
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