Une récente étude transversale marseillaise, publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH »), composée de 703 internes en médecine, révèle que les internes en médecine du Sud-Est déclarent une couverture contre la rougeole à 76 %. Leurs collègues pharmaciens, en faible effectif (N = 77), sembleraient légèrement mieux lotis (82 %).
Cette étude réalisée en 2013 à partir d’un auto-questionnaire confirme les résultats d’une précédente étude parisienne basée sur l’analyse du carnet de santé et qui retrouvait un taux de 46 %. Quelles sont les raisons de cette sous-vaccination ?
La rougeole est en nette recrudescence depuis 2008. Actuellement, deux doses sont recommandées pour toute personne née après 1980, afin d’obtenir une couverture d’au moins 95 % et ainsi protéger la population française. Des études ont montré que le risque de contracter la rougeole était plus élevé pour le personnel de santé qu’en population générale.
Désintérêt et oubli
Dans l’étude, les internes non vaccinés évoquent le désintérêt et l’oubli, le fait d’avoir déjà contracté la rougeole (maladie immunisante) et le faible risque de la contracter pendant leur formation. Environ 75 % d’entre eux déclarent avoir été vaccinés par leur médecin traitant ou le service de santé scolaire, moins de 7 % par un service de santé universitaire ou de médecine du travail… À l’inverse, les facteurs associés à la vaccination étaient, dans l’ordre, la vaccination contre la coqueluche et la grippe saisonnière à jour, la volonté de protéger les patients, la contraction dans l’enfance de la maladie ainsi que la facilité d’accès au vaccin.
Le fait de se croire protégé figure parmi les motifs de non-vaccination. Or, comme le soulignent les auteurs, dans les années 1980, l’absence de confirmation biologique est à l’origine d’un possible sur-diagnostic de rougeole. D’où d’ailleurs les recommandations du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) de deux doses quels que soient les antécédents.
Mieux sensibiliser
Concernant le seul vaccin obligatoire analysé dans l’étude, celui de l’hépatite B, on retrouve un taux de vaccination à 99 % chez les médecins, comparables à celui des pharmaciens. Les autres vaccins obligatoires pour les professionnels de santé : diphtérie/tétanos/poliomyélite et BCG se rajoutent à la liste.
Les vaccins recommandés, tout aussi important, montrent des taux bien plus faibles : coqueluche (78 %) et grippe saisonnière (50 %), ce qui est largement insuffisant.
Les motifs de non-vaccination interpellent. Selon les auteurs, une piqûre de rappel serait sans doute nécessaire. Les étudiants devraient être sensibilisés en amont de tout stage hospitalier via les services universitaires de médecine préventive et promotion de la santé (SUMPPS). De plus, la consultation de médecine du travail au cours de l’internat devrait être obligatoire.
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