La santé mentale des Français décline sous le poids de la crise sanitaire et les indicateurs se suivent pour décrire l’ampleur du phénomène. Ainsi, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a sondé les généralistes libéraux, lors du confinement de novembre et décembre 2020.
Le constat est sans appel : 72 % d’entre eux estiment que les demandes de soins pour stress et troubles anxieux ou dépressifs ont augmenté à cette période. Une proportion en augmentation de 10 points par rapport au premier confinement du printemps, lit-on dans une étude publiée ce 12 mars. Ils sont même 16 % à déclarer que le nombre de ces consultations a augmenté de plus de 50 % Et ceci alors que leur activité a beaucoup moins diminué que lors du premier confinement.
« Cela traduit peut-être la persistance, au-delà de la première période de confinement, d’une souffrance psychologique marquée dans la population générale du fait des conséquences sociales et économiques de la pandémie et des mesures mises en place pour l’endiguer », avancent les auteurs.
La DREES souligne que les médecins femmes et jeunes ont déclaré plus souvent recevoir des patients pour des motifs liés à la santé mentale à l’automne : cela concerne 81 % des moins de 50 ans contre 65 % des médecins au moins soixantenaires. Cela pourrait s’expliquer par leur patientèle, plus jeune. Le constat est semblable pour les médecins qui exercent dans les zones de forte intensité épidémique (77 % déclarent plus de consultations psy).
Hausse des syndromes dépressifs chez les 15-24 ans
Une seconde étude de la DREES portant cette fois sur le confinement du printemps 2020, fait état d’une augmentation des syndromes dépressifs, en particulier chez les 15-24 ans.
Selon la 1re vague de l’enquête EpiCov, en mai 2020, 13,5 % des Français présentaient un syndrome dépressif, soit presque une personne sur sept, en hausse de deux points par rapport à 2019. La prévalence atteint même 22 % chez les 15-24 ans (contre 10 % l’année précédente) et 15,8 % chez les femmes (vs 12,5 % en 2019).
Entre 2019 et 2020, quatre problèmes de santé mentale ont fortement augmenté, relève encore la DREES : les problèmes de sommeil (rapportés par 51 % des personnes), une perte d’intérêt ou de plaisir à faire les choses (40 %), le sentiment de tristesse (35 %) et des difficultés de concentration (24 %).
Comme certaines enquêtes l’ont déjà mis en lumière, CoviPrev de Santé publique France par exemple, la dégradation de la santé mentale est associée à une précarisation économique, le fait d’être confiné en appartement, seul ou hors de chez soi (chez des parents ou un conjoint), ou d’avoir présenté des symptômes évocateurs d’infection au SARS-CoV-2. Sans oublier d’autres facteurs non liés au Covid-19 : le handicap, un état de santé dégradé, ou encore le fait d’être confronté à des comportements violents ou dégradants de la part du partenaire.
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