L'EHPAD municipal de Nancy « Notre maison » (144 résidents, 90 personnels) met en place un dépistage systématique du Covid-19, pour ses personnels comme pour ses résidents. Une « première nationale », a salué le maire de la ville Laurent Hénart mardi 31 mars.
« La première volonté a été de dépister le personnel, pour connaître son statut sérologique, dans un contexte où nous avons plus de 30 % d'absentéisme. Il s'agit de distinguer ceux qui ne sont pas immunisés et qui nécessitent la plus haute protection, ceux qui sont en cours d'infection, et ceux qui ont eu des anticorps, mais qui n'ont plus d'IgM » explique au « Quotidien » le Dr Gabriel Malerba, médecin coordonnateur de l'EHPAD. Il s'agit notamment d'identifier ceux qui, après un arrêt de travail, pourraient revenir une fois séroconvertis.
La mairie de Nancy a décidé d'étendre cette stratégie de dépistage à tous les résidents pour assurer une protection maximale. « Cela permet d'anticiper l'entrée du virus en établissement. Et si l'EHPAD était touché, ce qui n'est pour l'heure pas le cas, cela permettrait de maximiser la prise en charge en trois niveaux : Covid +, Covid - et cas douteux », explique le Dr Malerba. « L'on pourrait ainsi réaffecter le personnel ayant eu une séroconversion à l'étage Covid + », précise-t-il.
Les tests de dépistage seront renouvelés dans une dizaine de jours pour analyser la dynamique. « Nous essayons de maîtriser le risque au maximum, je ne vois pas ce qu'on pourrait faire de plus », commente le Dr Malerba.
Une zone Covid + déjà prête
Une zone Covid + a déjà été aménagée à l'EHPAD « Notre maison ». « C'est une zone isolée au bout d'un couloir à l'aide de parois amovibles, que nous avons choisie après avoir regardé l'architecture de l'établissement, la place des ascenseurs, le trajet des chariots. Le personnel qui y entrerait n'aurait pas de contact avec le reste des résidents », décrit le médecin coordonnateur. Cette zone pourrait contenir jusqu'à 20 lits.
Ce dispositif s'inscrit dans une stratégie visant à minimiser tous les risques, adoptée dès le début de l'épidémie par l'EHPAD. Les visites extérieures ont d'abord été interdites. « Les généralistes ne viennent pas, la pharmacie ou les laboratoires restent à la porte », relate le Dr Malerba. Puis le confinement s'est organisé par étage, puis en chambre. « Nous avons fait un grand travail d'information et de pédagogie avec la psychologue à l'égard des familles et des résidents. Ces derniers ont plutôt bien accepté. Nous avons fait des calendriers de marche dans le couloir, pour qu'ils restent actifs », poursuit le Dr Malerba.
L'ancien urgentiste, spécialiste de médecine de catastrophe, mais aussi de gériatrie, ne nie pas les difficultés à transformer « en quinze jours, des établissements médico-sociaux en établissements sanitaires », surtout dans un contexte de tension sur les équipements de protection. « Déplacer un patient en hôpital est relativement facile. En Ehpad, la chambre est un chez soi. Tout déménager peut être un traumatisme psychologique » souligne-t-il. Avant de saluer l'engagement des personnels.
De son côté, l'Agence régionale de santé (ARS), par la voix de son directeur général Christophe Lannelongue, a dit vouloir « mettre en place ces tests sérologiques en priorité dans les EHPAD ». Près de 60 % des EHPAD de la région seraient concernés par un cas de Covid-19 confirmé ou possible et quelque 570 personnes y sont décédées, sans que puisse être déterminé de façon précise la responsabilité du Covid-19.
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