Les deux inspecteurs missionnés par l'IGAS, Alain Meunier et le Dr Alain Lopez, ont constaté, dans leur rapport rendu public lundi, un défaut de planification de la campagne de vaccination menée au sein de l'EHPAD Korian Berthelot, à Lyon, qui expliquerait en partie l'épidémie survenue entre le 19 décembre et janvier dernier.
Un total de 72 pensionnaires, sur les 102 que compte l'établissement, avaient alors été touchés par la grippe, et 13 étaient décédés. Selon les inspecteurs de l'IGAS, l'EHPAD accueille des pensionnaires très âgés (85 ans de moyenne), présentant un faible niveau d'autonomie et souvent en mauvaise santé. De plus, les patients décédés figuraient parmi le plus âgés de l'établissement (92 ans de moyenne).
Une combinaison de plusieurs facteurs
Les inspecteurs confirment le faible taux de vaccination de l'EHPAD Berthelot, très inférieur aux objectifs du groupe Korian et à ses résultats dans d'autres établissements : 38 % du personnel et 40,2 % des résidents étaient vaccinés contre respectivement 33,1 et 86,3 % dans le reste du groupe.
Dans l'ensemble, les inspecteurs pointent un défaut de stratégie et de pilotage interne de la campagne de vaccination qui s'est traduit par des différences de pratique selon les étages, par un calendrier tardif des opérations vaccinales, et peut être par un trop faible effort de persuasion pour convaincre les résidants et leurs proches : 13 familles ont ainsi refusé de donner leur consentement à la vaccination. Par ailleurs, la direction a éprouvé des difficultés à obtenir rapidement des bons de prise en charge de la vaccination par l'Assurance-maladie.
L'IGAS recommande que la campagne de vaccination soit désormais un élément prioritaire de la mission du médecin coordinateur de l'EHPAD. À charge de ce dernier d'établir un protocole de vaccination applicable par l'ensemble du personnel soignant. Afin de mettre en action cette campagne de vaccination, les auteurs du rapport précisent que la recherche de l'obtention du consentement du résidant ou de sa famille à vaccination commence dès octobre. L'établissement doit en outre commencer les injections sans attendre le retour des bons de prise en charge individuels de l'Assurance-maladie.
Améliorer le signalement
Les auteurs ont également constaté des lacunes dans la vitesse à laquelle l'épidémie a été signalée à l'agence régionale de santé (ARS) chargée de l'organisation de la veille et de la sécurité sanitaire en région. Ils demandent qu'à l'avenir une fiche de cas groupés soit employée à chaque fois qu'est constatée une nouvelle série de 5 cas, dans un délai de 4 jours.
Comme déjà précisé par le gestionnaire Korian, 30 des 72 patients grippés, dont 6 de ceux qui sont décédés, étaient vaccinés, mais n'étaient pas protégés pour autant. Pour 31 d'entre eux, le statut vaccinal n'était pas renseigné. Partant de ce constat, les inspecteurs préconisent que l'EHPAD se dote d'une procédure et d'outils de suivi épidémiologique précis, notant au moins l'âge de la personne, son groupe iso-ressource, la date d'apparition des premiers signes et le statut vaccinal.
Des mesures de précaution renforcées
Par ailleurs, note l'IGAS, « l'établissement prenait des précautions pour limiter les risques de contamination » (lavage des mains, sensibilisation du personnel aux mesures d'hygiène) et elles ont été renforcées dès le début de l'épidémie.
« Seuls l'assouplissement des mesures autour du jour de Noël et le défaut de vaccination des professionnels et des résidents peuvent être incriminés pour expliquer la difficile maîtrise de cette épidémie », avance le rapport.
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