Nombre de cas de Covid-19 confirmés, taux d’incidence et de positivité, hospitalisation, admissions en réanimation et décès : tous les indicateurs de suivi de l’épidémie sont à la hausse, ce qui témoigne d’une « activité virale qui reste à des niveaux très élevés », a alerté Didier Che, directeur adjoint de la direction des maladies infectieuses de Santé publique France (SPF), lors d’un point presse virtuel ce 9 octobre.
La veille, le ministre de la Santé, Olivier Véran, annonçait, lors de sa conférence de presse hebdomadaire, le passage de quatre nouvelles villes en « zone d’alerte maximale » à partir de samedi matin. Après Aix-Marseille et Paris, les villes de Lille, Grenoble, Lyon et Saint-Etienne vont se voir appliquer de nouvelles restrictions sanitaires pour freiner l'épidémie. Toulouse et Montpellier, « qui présentent des caractéristiques épidémiques inquiétantes », pourraient basculer « d'ici lundi matin », a ajouté Olivier Véran, notant « une amélioration sensible » à Nice et Bordeaux et « une inflexion positive » à Rennes et Aix-Marseille.
Hausse « préoccupante » des taux d’incidence chez les plus de 50 ans
Au niveau national, selon les données du Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) de SPF, l’activité de dépistage est en baisse de 9 % en semaine 40 (du 28 septembre au 4 octobre), par rapport à la semaine précédente, mais le taux de positivité augmente (9,1 % en semaine 40 contre 7,7 % en semaine 39, + 1,4 point). La progression est particulièrement marquée chez les personnes âgées de 45-64 ans (20,4 % en semaine 40, + 3,6 points), de 65 à 74 ans (18,2 %, +3,5 points) et chez les 15-44 ans (17,6 %, +2,6 points).
En France métropolitaine, 75 321 nouveaux cas confirmés de Covid-19 ont ainsi été enregistrés (+ 8 %). Le taux d’incidence est passé de 108 cas pour 100 000 habitants (semaine 39) à 116 (semaine 40). Et on compte désormais 25 départements avec des taux d’incidence au-dessus de 100 cas pour 100 000 habitants, et notamment les départements de Paris (306/100 000 habitants), de la Loire (232), des Hauts-de-Seine (227), du Nord (216) et du Val-de-Marne (209).
Analysée par tranche d’âge, la hausse des taux d’incidence chez les plus de 50 ans est jugée « préoccupante » par Didier Che. En particulier, chez les personnes de 65 à 74 ans, « le nombre de cas a doublé en 5 semaines (depuis la semaine 36) » pour atteindre 62/100 000 habitants en semaine 40, lit-on dans le BEH.
En milieu hospitalier, les nouvelles admissions pour Covid sont en très légère hausse (+ 1 %, par rapport à la semaine précédente) avec 4 264 nouvelles entrées, les taux d’hospitalisation les plus élevés étant en Île-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec respectivement 2,35/100 000 et 1,94/100 000. « Si la dynamique de l’épidémie se poursuit, il est estimé que le nombre hebdomadaire de nouveaux patients admis à l’hôpital aura doublé dans 27 jours et que le nombre hebdomadaire de nouveaux patients admis en réanimation aura doublé dans 17 jours », alerte SPF.
Le nombre de clusters « probablement largement sous-estimé »
Du côté du suivi des clusters, SPF estime que le nombre identifié (341 étaient en cours d’investigation en semaine 40) est « probablement largement sous-estimé », ne permettant plus d’utiliser le nombre de signalement hebdomadaire, comme un « indicateur pertinent dans le suivi de l’épidémie ».
Une autre donnée est par ailleurs jugée « inquiétante » par Alexandra Mailles, épidémiologiste à SPF : en Ile-de-France, « de nombreux cas apparaissent sans être reliés à une chaîne de contamination connue ».
Dans cette région, le « plan blanc renforcé » a été déclenché, le 8 octobre par l’Agence régionale de santé (ARS). Son directeur, Aurélien Rousseau a estimé que cette « décision lourde » signifie « qu’on va prendre une marée très forte et qu’il faut mettre toutes les forces dans la bataille ».
« Le déclenchement du plan blanc, c'est la conséquence d'une situation qui évolue relativement rapidement, qui est préoccupante, qui est extrêmement compliquée pour les équipes », a averti le directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch, au micro d’Europe 1, envisageant des « mesures extrêmement restrictives », si « les choses ne bougent pas ».
Cette hypothèse est partagée par le président du Conseil scientifique qui n’exclut pas l’option d’un nouveau confinement au niveau local : « il faut tout faire pour éviter le reconfinement local. Si à certains moments c'est nécessaire, il faudra le faire », a-t-il estimé sur BFM TV.
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