Actuellement testés aux Hospices civils de Lyon, les tests antigéniques ont l’avantage d’être plus rapides que les tests RT-PCR pour détecter l'infection Covid-19. Néanmoins, leur sensibilité de 50 % en moyenne les empêche d’être un moyen de dépistage suffisamment fiable pour remplacer les tests classiques.
Réalisés à partir d’un prélèvement nasopharyngé, comme pour les tests RT-PCR, les tests antigéniques sont « des tests rapides qui se font le plus souvent au lit du patient », explique le Pr Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon. Ils fonctionnent en détectant une protéine du coronavirus via une réaction antigène-anticorps.
Concrètement, le soignant effectue le prélèvement et place l’écouvillon dans une solution qui va casser les cellules des virus, puis en prélève quelques gouttes et les dépose sur une bandelette de papier. La bandelette contient deux bandes d’anticorps : la première avec des anticorps ubiquitaires destinés à servir de contrôle pour attester que le prélèvement est de bonne qualité et la deuxième avec des anticorps dirigés contre la protéine de coronavirus.
Un résultat en 30 minutes
« Si des protéines virales sont emmenées par la migration sur la bandelette, on obtient une réaction colorée qui permet de détecter la protéine virale », indique le Pr Lina. Le processus est rapide et il est possible d’obtenir un résultat en moins de 30 minutes. Néanmoins, la sensibilité de ces tests n’est pas très élevée. « Nous avons constaté que le test est sensible à hauteur de deux tiers des personnes infectées, à condition qu’elles soient symptomatiques. Si elles sont asymptomatiques, le test ne détecte qu’un cas sur trois. Dans une population moyenne, ce test antigénique ne détecte qu’un cas sur deux », pointe le membre du Conseil scientifique.
Concernant leur spécificité, le Pr Lina souligne que dans l’évaluation effectuée aux Hospices civils de Lyon, environ 3,5 à 4 % de faux positifs sont détectés. « Ce test n’est pas utilisable dans des zones de prévalence faible du virus », estime le Pr Lina. « En revanche, dans un EHPAD où 40 à 50 % du personnel est infecté par exemple, si on en détecte la moitié avec un test rapide le nombre de faux positifs va être bas et il n’y aura pas forcément besoin de confirmer les résultats par un test RT-PCR. Dans des conditions de forte prévalence du virus, on peut considérer que le test rapide est suffisant », juge-t-il.
Inadapté pour le dépistage de masse en ville
« Actuellement, nous sommes en train de réfléchir aux utilisations possibles de ces tests », poursuit-il. Selon lui, « ils ne vont néanmoins pas changer la donne par rapport aux autres outils et ne permettront pas de désengorger les laboratoires d’analyse ». En revanche, ils peuvent servir à « faire le tri d’un certain nombre de patients, par exemple en EHPAD, dans des situations épidémiques à fort risque de positivité. Ils peuvent également être employés dans des tests de suivi longitudinaux : lorsque la même population (soignants, sportifs) doit être suivie toutes les semaines, le dépistage régulier peut être assuré grâce à ces tests rapides. Cependant, ces outils ne seront pas suffisants pour cesser de faire des RT-PCR pour la confirmation des cas », met-il en garde.
De plus, le virologue juge cet outil inadapté pour être utilisé en masse en ville. « Nous n’allons pas distribuer ces tests dans les pharmacies par exemple, car le message risque d’être brouillé et cela risque d’être compliqué pour les pharmaciens d’expliquer les faux positifs. De plus, aujourd’hui nous essayons d’être dans une stratégie de dépistage, mais aussi de traçage et d’isolement, ce qui est un frein à l’utilisation de ces tests en ville ».
Pour l’instant, ces tests antigéniques sont à diffusion restreinte au sein des hôpitaux et laboratoires privés. « Nous sommes encore en phase d’évaluation pendant 15 jours voire un mois. Nous investiguons des clusters avec ces dispositifs et réalisons des comparatifs de performance. Mais il faut comprendre que les tests antigéniques ne pourront pas venir en substitution des tests PCR », conclut le Pr Lina.
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