Les lobbies de la mode et des cabines de bronzage seraient-ils bien plus forts que les messages de prudence des dermatologues ? Pour la Pr Leccia, « cela ne fait aucun doute ! Et la publication récente d’articles montrant une véritable addiction au bronzage, des adolescents dans les pays nordiques, est bien la preuve que le chemin est encore long avant que chacun se rende compte des risques pour sa santé d’une protection insuffisante ».
Photoprotection externe incontournable
La meilleure photoprotection reste le vêtement ; il existe d’ailleurs de plus en plus de vêtements anti-UV indispensables pour les phototypes clairs et pour la pratique d’activités extérieures. Viennent ensuite les crèmes solaires qui doivent impérativement être aux normes CE. Elles offrent une bonne protection contre les UV et devraient en théorie protéger aussi contre les rayonnements visibles et infrarouges qui jouent également un rôle délétère pour la peau.
«Seul bémol, indique la Pr Leccia : la protection est bonne lors des tests, mais pas dans la vraie vie où la plupart des utilisateurs mettent un quart de la dose recommandée et ne renouvellent pas assez souvent l’application. C’est pourquoi pharmaciens, généralistes et dermatologues doivent rappeler les consignes d’usage aussi souvent que nécessaire. Les phototypes à peau claire et les personnes ayant des antécédents personnels ou familiaux de cancers cutanés, ainsi que celles travaillant en extérieur et, bien sûr, les enfants et les adolescents doivent faire l’objet de conseils personnalisés et il faut s’assurer que ces derniers sont bien suivis. D’autre part, il faut bien expliquer que ces photoprotecteurs externes ne doivent pas servir de prétexte pour s’exposer plus longtemps au soleil. Enfin, à la question de savoir si ces crèmes contiennent des molécules réputées polluantes, la réponse est oui, mais pas plus que les produits d’hygiène utilisés au quotidien ».
Photoprotection interne plus discutable
« Séduisante en théorie, la photoprotection interne - en particulier, l’apport d’antioxydants par voie orale - fait débat depuis que l’étude Suvimax a montré que les femmes supplémentées au long cours en ant-oxydants, avaient davantage de cancers cutanés. Ainsi, seules les personnes carencées en anti-oxydants tireraient profit d’une supplémentation. Les parents doivent donc être informés qu’il ne faut pas donner d’anti-oxydants aux enfants sans avis médical. Chez l’adulte, l’effet protecteur des cures courtes inférieures à deux mois n’est pas démontré et les arguments sont suffisants pour mettre en garde contre les cures prolongées. Or les anti-oxydants sont présents dans de nombreux compléments alimentaires et pas seulement ceux destinés à préparer la peau au soleil. Il ne faut donc pas hésiter à interroger ses patients sur la prise éventuelle de tels compléments », conclut le Pr Leccia.
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