Une association britannique veut proposer des tests de grossesse dans les toilettes des bars afin de lutter contre les troubles causés par l’alcoolisation fœtale (TCAF).
Les pharmaciens français, qui se sont récemment insurgés contre l’abolition de leur monopole sur la vente des tests de grossesse, peuvent se consoler en regardant de l’autre côté de la Manche. Non seulement ces tests sont en vente libre chez nos voisins anglais, mais ils vont prochainement être aussi disponibles via des distributeurs automatiques placés (entre autres) dans les débits de boisson.
C’est le sens d’un projet du réseau britannique de lutte contre les TCAF, FASD Network, qui regroupe environ 270 familles et des centaines de professionnels. Cette association du nord-est de l’Angleterre veut grâce à cette initiative originale combattre la consommation d’alcool chez les femmes enceintes et ses conséquences sur les enfants à naître. Comme l’explique la fondatrice du réseau, Maria Catterick : « L’objectif est d’avoir des distributeurs dans les toilettes des femmes dans les bars, les centres commerciaux, les salles de sport, les stations-service, les lycées, les facs, et partout où une femme peut discrètement acheter un test de grossesse en évitant un contact direct avec un autre adulte. »
Première cause non génétique de handicap mental
Beaucoup de femmes continuent à boire alors qu’elles sont enceintes sans le savoir, mettant ainsi en danger la santé de leur enfant. D’après Mme Catterick, si elles avaient la possibilité de faire un test avant ou même pendant une soirée arrosée, bien des malheurs pourraient être évités. La fondatrice de FASD Network résume ainsi la problématique : « Il faut faire le test avant de faire la fête. »
La proposition de Mme Catterick s’inspire des États-Unis : les distributeurs de tests de grossesse y existent depuis 2012. Le projet pilote de FASD Network démarrera par la ville de Stockton-on-Tees, où les premières machines devraient être mises en service à l’été 2014.
Selon l’INPES, la consommation d’alcool pendant la grossesse est la première cause non génétique de handicap mental dans les pays occidentaux : le syndrome d’alcoolisation fœtale concernerait presque 1 % des naissances. Le problème est donc massif, et la fondatrice de FASD Network reconnaît volontiers que les distributeurs automatiques de tests de grossesse ne peuvent en venir à bout à eux seuls. Ils ne sont pour elle qu’un outil parmi d’autres pour diminuer les dommages causés par l’alcool durant la grossesse.
D’après le Pr Dominique Luton, chef de service de gynécologie obstétrique à l’hôpital Bichat à Paris et ancien secrétaire général du Collège national des gynécologues et obstétriciens, on ne peut préjuger de l’efficacité du projet de FASD Network, et celle-ci doit être évaluée. Mais l’initiative a selon lui déjà au moins un mérite : « Tout ce qui va dans le sens de prévenir le grand public sur les risques de l’alcoolisation fœtale est une bonne initiative. »
En attendant la mise en service des premières machines et une éventuelle évaluation, les efforts de Mme Catterick en faveur des victimes de TCAF ont déjà été couronnés en mai dernier par l’attribution d’un « Big Society Award », récompense décernée par le Premier Ministre en reconnaissance des services rendus à leurs communautés par les individus et les organisations.
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