APRÈS LE BISTOURI, le Dr Claude Mariottini, cardiologue interventionnel et rythmologue à l’institut Arnaud Tzanck (Saint-Laurent-du-Var) a une autre passion : la guitare (il en a 13). Avec son frère Jean-Pierre (chirurgien-dentiste et batteur), son neveu Pierre (étudiant en droit et guitariste soliste), ainsi qu’un ami bassiste, le Dr Mariottini a monté un groupe très rock and roll, The Low Budget Men. Une référence à son groupe « fétiche », les Kinks, formation pop/rock anglaise de référence des années 1960-1970 et leur album « Low budget » de 1979. Dans le cadre de concerts caritatifs, le Dr Mariottini et sa troupe financent l’installation de défibrillateurs au sein des communes où ils se produisent.
« J’ai commencé la guitare à 13 ans. Avec mon frère Jean-Pierre à la batterie, on a longtemps joué dans le garage de la maison de campagne des parents », raconte le cardiologue. Après une longue coupure durant ces études médicales, il reprend dès 2002 la musique avec son frère dans le style pop rock très années 1960 qu’il affectionne. Pas facile de concilier musique et activité professionnelle. « On essaye de répéter au moins tous les 15 jours le dimanche soir. J’écris des morceaux et j’apporte la maquette pour que l’on puisse travailler dessus. » Puis vient l’idée de donner des concerts par pur plaisir de partager leur répertoire. « J’ai dans mes connaissances le maire de Vallauris, qui nous a proposé la mise à disposition d’une très belle salle », confie-t-il. « Nous avons accepté l’invitation et décidé d’offrir des défibrillateurs à la ville avec l’argent récolté lors de ce concert donné en 2008. » Pour une première, les Low Budget Men réunissent 800 spectateurs, permettant d’acheter 15 défibrillateurs. L’année suivante, un nouveau concert programmé dans la même ville attire 1 200 personnes. Les 20 000 euros de recette servent alors à financer des plaquettes d’information grand public sur les défibrillateurs et les gestes d’urgence. En 2010, les Low Budget Men organisent deux concerts, l’un à Vallauris (700 spectateurs) et l’autre à Nice (800). Les sommes récoltées financent l’achat dans ces deux communes d’une quinzaine de défibrillateurs.
Rencontre d’un charlot.
« Avant chaque concert, je fais toujours un petit discours médical. La mort subite n’est évidemment pas un sujet très gai. Avec la musique et dans un contexte festif, c’est plus facile à aborder. Nous distribuons aussi les plaquettes "1 vie = 3 gestes" de la Fédération française de cardiologie », précise le Dr Mariottini. Chaque année en France, 50 000 décès sont imputables à la mort subite. Lors d’un malaise, le taux de mortalité augmente de 10 % par minute perdue. Sans défibrillateur, le taux de patient ranimé s’élève à 3 %, contre 30 % lorsque les secours disposent d’un appareil. « Or, il en manque encore cruellement. Idéalement, des défibrillateurs devraient être installés dans chaque pâté de maison, pharmacie, centre commercial et aéroport », considère le cardiologue.
Après les concerts, vient l’idée de faire un disque* dont les bénéfices serviraient à financer d’autres défibrillateurs. « Nous avons créé l’association 20 000 vies après le concert de Nice l’été dernier, pour disposer d’un statut juridique et monter le projet », explique le Dr Mariottini. En septembre, deux titres sont enregistrés, avec comme invité de marque le comédien et chanteur Gérard Rinaldi, connu notamment comme leader du groupe humoristique des Charlots, qu’il rencontre en juillet dans le cadre d’une pose de pacemaker.
Crédité dans les chœurs des chansons du disque, Gérard Rinaldi devient aussi le parrain de l’association 20 000 vies. « Il nous a ouvert les portes de la télévision », confie le cardiologue. Grâce à lui, les Low budget men sont invités sur France Télévision en février et jouent dans l’émission dominicale de Michel Drucker.
Soutenue notamment par la Fédération française de cardiologie et l’Ordre des pharmaciens, l’association 20 000 vies souhaite aujourd’hui utiliser ce disque pour contribuer à équiper les pharmacies en défibrillateurs. « Le réseau officinal est celui qui quadrille le mieux la population. En cas d’arrêt cardiaque dans la rue, nous aimerions que la croix verte soit synonyme de défibrillateur disponible », indique le Dr Mariottini. Pour inciter les pharmacies à se doter de ce type d’appareil, l’association envisage de mettre à disposition d’officines un défibrillateur ainsi que 400 disques des Low Budget Men. « Si le pharmacien joue le jeu et arrive à écouler les exemplaires en expliquant à ses clients la démarche, le défibrillateur est alors intégralement payé par ces CD vendus », résume le cardiologue. Une phase de test va d’abord être lancée dans cinq pharmacies des Alpes-Maritimes, avant un possible développement régional voire national, avec le soutien de l’Ordre des pharmaciens.
* Un clip du groupe est visionnable sur le site de leur association : www.20000-vies.com ; le CD peut être commandé sur Internet.
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