Ebola : l’essai favipiravir va être étendu à d’autres centres de traitement en Guinée

Publié le 09/02/2015

Au vu des résultats encourageants concernant l’efficacité de l’antiviral japonais favipiravir (Avigan) contre le virus Ebola, évalué par l’INSERM en Guinée-Conakry, l’essai clinique va être étendu à de nouveaux centres de traitements dans le pays, a annoncé samedi le coordinateur national de la lutte contre Ebola, le Dr Sakoba Keïta.

« Nous avons commencé par Gueckédou, nous l’avons étendu au jour d’aujourd’hui à la préfecture de N’Zérékoré (sud, NDLR) et il y a trois jours que nous avons commencé à Coyah », a-t-il précisé, lors d’une conférence de presse organisée à Conakry avec le coordinateur français de la lutte contre Ebola, le Pr Jean-François Delfraissy, et le président de l’INSERM, le Pr Yves Lévy.

Mortalité diminuée de moitié

L’étude, lancée le 17 décembre 2014 chez 80 malades adultes et adolescents, a été réalisée en partenariat avec les équipes médicales et autorités guinéennes, Médecin sans frontière (MSF), la Croix Rouge française et l’ONG « Alima ». Le laboratoire japonais Toyama chemical a fourni le favipiravir, molécule autorisée au Japon pour le traitement de la grippe, mais qui semble aussi interférer avec la capacité du virus Ebola à se répliquer.

D’après ces premiers résultats, l’antiviral aurait été capable de diviser le risque de mortalité par deux (passant de 30 % à 15 %) chez des malades ayant une charge virale basse ou modérée. En revanche, il ne semble pas efficace chez les patients avec une charge virale importante.

Ces résultats suscitent un espoir, mais l’efficacité du favipiravir nécessite d’être validée sur une plus grande échelle de population. « Ça ne peut pas être un médicament qui soit distribué largement parce que ce premier résultat est un espoir, mais un espoir très fragile, il faut donc surveiller, accompagner le médicament qu’on donnera aux patients pour avoir plus de données dans les mois qui viennent sur sa tolérance, son efficacité réelle », a expliqué le Pr Levy.

Un autre essai clinique mis en suspens

Mardi dernier, le comité de suivi d’un autre essai clinique, évaluant l’efficacité de l’antiviral américain brincidofovir dans la prise en charge des infections par le virus Ebola, a quant à lui décidé de suspendre l’enrôlement de nouveaux patients et de mettre fin définitivement à l’expérimentation, à cause d’une « pénurie de patients ». Au cours du mois de janvier, le nombre de nouvelles contaminations semblait effectivement à la baisse.

Mais début février, l’OMS a annoncé une nouvelle augmentation du nombre de cas : « Le bilan hebdomadaire indique une hausse dans les trois pays pour la première fois cette année. Il y a eu 124 nouveaux cas rapportés pendant cette semaine ».

La fièvre hémorragique aurait désormais tué plus de 9 000 personnes en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.

Clémentine Wallace

Source : lequotidiendumedecin.fr