Pour les médecins généralistes espagnols, exercer dans une zone rurale n’est pas de tout repos. Généralement fonctionnaires du système national de santé – le service public transféré aux 17 gouvernements régionaux des communautés autonomes – ces médecins de famille ont, comme leurs collègues exerçant dans les centres urbains (et à salaire équivalent), un nombre minimum de patients qui leur est assigné selon des cartes sanitaires.
Mais la campagne ibérique est beaucoup moins peuplée qu’en France, ce qui oblige ces praticiens à multiplier les vacations et permanences parmi différents sites : sur une étendue rurale équivalente, la population hispanique ne dépasse pas 8 millions de personnes, avec une densité moyenne de 19 habitants au km2 – contre plus de 22 millions en France et une densité de 70 hab/km2. Cette extrême dispersion de population sur de multiples villages ruraux de 200 à 300 habitants, souvent très éloignés les uns des autres, comme dans les montagnes d’Aragon, peut obliger les médecins à occuper plusieurs cabinets pour atteindre leur quota de patients. Et cela signifie deux ou trois heures de voiture par jour, parfois plus, avec une indemnité bonus de déplacement qui ne dépasse pas 50 euros par mois.
Postes ingrats mais…
Quels sont les médecins qui acceptent d'occuper ces postes réputés ingrats ? Surtout des jeunes médecins en début de carrière, qui n'ont pas les points requis pour obtenir un poste salarié en zone urbaine, en attendant de postuler ailleurs quelques années plus tard.
Toutefois, certains d'entre eux ne boudent pas ce rythme épuisant et s’installent même à long terme. C’est le cas du Dr Ignacio Castillon Alfaye, 45 ans, qui, après huit années passées dans la coopération médicale en Afrique et en Amérique latine, a souhaité « se poser ». De retour en Espagne, il a accepté un poste au centre de santé d’Albarracin, dans les montagnes du sud de l’Aragon, à 250 km à l’est de Madrid, et qui compte à peine 1 000 habitants. Avec ses 13 collègues du centre répartis en deux équipes, celles du matin et de l’après-midi, il doit également se rendre dans deux antennes annexes, à Villar del Cobo (200 habitants) et à Orihuela del Tremedal (450 habitants), à respectivement 1 h 30 et 1h de voiture par des routes de montagne !
Le Dr Castillon Alfaye y exerce depuis près de 10 ans. « Le centre de santé d’Albarracin couvre une population répartie en 21 villages, sans compter nos deux centres annexes, explique-t-il. La principale difficulté est la dispersion de la population. Le manque d’investissement de la part de l’administration entraîne un dépeuplement croissant des campagnes. »
Ces médecins salariés sont rattachés à un hôpital public (parfois éloigné) du système national de santé où se font les examens, explorations et analyses médicales. Mais ce parcours de soins n'est pas toujours efficace, explique le Dr Fernando Rodriguez Mielgo, qui exerce à Santa Maria del Paramo (3 000 habitants) et dont l'hôpital public de référence est situé à 30 km de Léon, pour une population de 462 400 habitants. « Les délais pour obtenir les résultats d’une analyse ou un rendez-vous avec un spécialiste sont beaucoup trop longs », explique-t-il sans pour autant songer à exercer ailleurs. Car, dit-il, « la relation avec les patients est plus forte ici que dans une grande ville. »
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