DEUX ANS ET DEMI après son lancement, près de 206 000 internautes se sont déjà inscrits au programme de recherche NutriNet-Santé : 76 % sont des femmes, 49,2 % ont plus de 45 ans, 60 % occupent un emploi, 15,3 % sont retraités, 9 % étudiants ou lycéens, 6,5 % chômeurs ou allocataires, 5,8 % au foyer. Selon les résultats préliminaires de cette enquête destinée à durer 5 ans, les comportements face à l’alimentation seraient une affaire de génération, comme le constate le Pr Serge Hercberg qui préside le programme national Nutrition Santé (PNNS). Plus de la moitié des plus de 65 ans (52 %) sont proches des recommandations contre seulement 16 % des 18-25 %. Évaluée sur 150 000 enquêtes alimentaires, l’application de ces recommandations PNNS apparaît en outre moins bonne chez les hommes, les ouvriers, les fumeurs, les personnes vivant dans les régions du nord et de l’est de la France et les revenus les plus faibles (22 % contre 42 % pour les plus hauts revenus).
L’information est un des leviers pour lutter contre les disparités socio-économiques, estime le Pr Hercberg. Par exemple, « expliquer que manger du poisson en conserve – des sardines, du thon, du maquereau – c’est très bien et c’est pas tellement cher ». Les surgelés et surtout les conserves pâtissent d’une image « d’aliments de pauvres », alors qu’ils « ont des bonnes qualités nutritionnelles ».
Globalement, les repères les plus suivis sont ceux concernant les boissons alcoolisées (88 %), les matières grasses ajoutées (84 %), les types de matières grasses (74 %), les sucres ajoutés (71 %) et l’activité physique (77 %). Les moins bien suivis sont ceux concernant les céréales complètes (16 %) et les produits laitiers (29 %), « ceux pour lesquels on a peut-être moins communiqué », relève le Pr Hercberg.
Pas besoin de régime.
L’augmentation des prises de compléments ou de suppléments alimentaires, sous prétexte que l’alimentation ne suffirait pas à satisfaire les besoins en vitamines et minéraux, est également un sujet préoccupant. Selon les résultats de l’étude, les sujets s’approchant le plus des repères PNNS ont, par rapport à ceux qui s’en éloignent le plus, un apport en vitamine C supérieur de 64 % (69 % pour le bêta-carotène, 35 % pour la vitamine B9, 18 % pour le calcium, 14 % pour le fer). « C’est très spectaculaire », commente le Pr Hercberg, qui ajoute : « Pour avoir une couverture des besoins physiologiques, un équilibre nutritionnel favorable par rapport à la corpulence, pas besoin de régime, pas besoin de compléments et de suppléments, tendons vers les recommandations, même si on ne les atteint pas ».
Les recommandations ne doivent pas être perçues « comme des dogmes », souligne-t-il. « Ce sont des repères ». « Pour montrer les liens, ensuite, avec la santé - cancers, maladies cardio-vasculaires, diabète, obésité, performances cognitives, polyarthrite rhumatoïde, etc. - il faudra plus de temps », ajoute le chercheur.
À mi-parcours, l’étude Nutrinet-Santé continue à recruter des volontaires (www.etude-nutrinet-sante.fr) : l’objectif est d’atteindre 500 000 « nutrinautes ».
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