La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche annonce avoir demandé dès cet été aux recteurs d’être particulièrement « vigilants » sur les bizutages et plus généralement sur les dérives et les pratiques addictives de consommation de boissons alcoolisées à l’occasion de bizutages. Geneviève Fioraso a également écrit aux présidents et directeurs d’établissements de l’enseignement supérieur pour leur demander d’être attentifs « même lorsque les week-ends d’intégration sont organisés hors des locaux de l’établissement ». L’alerte a, semble-t-il, porté ses fruits puisque « Pour l’instant, on a eu que trois signalements de bizutage, à l’université et dans les écoles d’ingénieurs principalement à Paris. Une enquête de l’inspection a été ouverte », a dit à l’AFP la ministre. « La gravité des cas n’est pas avérée mais il n’y a pas eu de dérives fortes et il n’y a pas eu de dépôt de plainte », a ajouté Mme Fioraso.
Dans les universités, la rentrée s’étale de début septembre à début octobre. Depuis 1998, une loi punit le bizutage, « néanmoins tous ceux qui habitent dans les villes universitaires voient qu’il y a encore des pratiques d’intégration, de bizutage », a observé la ministre. « Mes prédécesseurs (Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez) s’étaient élevés contre ces pratiques, mais ils n’avaient pas donné de consignes écrites aux recteurs, or il faut qu’il y ait des orientations pour être sûr que, sur le terrain, le travail se fasse bien », a-t-elle relevé.
Pas une affaire morale
La ministre s’inquiète de l’ampleur du phénomène. « J’ai vu progresser les comportements addictifs au cours de ces dix dernières années. Il y a de plus en plus de jeunes et de plus en plus de filles qui font des comas éthyliques », a-t-elle précisé. « Il faut remettre de la règle républicaine et de l’exemplarité, et protéger la santé des jeunes. Cela fait partie de notre fonction de grand éducateur, ce n’est pas une affaire de morale ou de répression. »
Au-delà de la rentrée, la ministre demande également que les responsables d’établissements « accompagnent au mieux tout au long de l’année les étudiants dans l’organisation d’événements festifs » pour prévenir les phénomènes de sur-consommation d’alcool. En octobre 2011, un étudiant en licence à l’université Paris-Dauphine avait eu des lettres de sang gravées dans le dos. Le Comité national contre le bizutage (CNCB), fondée en 1997, avait recensé en 2010 « quatre décès directement liés au bizutage ». Dans son enquête publiée en septembre 2011, il avait souligné que les filles étaient « les premières victimes du bizutage ». « Les humiliations sexuelles » sont « plus violentes que chez les garçons, les simulations ou actes de fellation forcés sont fréquents. »
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque