Le plus surprenant, dans le scandale de Hollywood, c'est que Weinstein ait pu sévir si longtemps et agressé autant de femmes dans une impunité totale. Or ses victimes n'étaient pas nécessairement des débutantes inquiètes de la suite de leur carrière. Certaines d'entre elles avaient atteint une forme de notoriété au moment fatidique où elles se sont retrouvées avec lui en tête-à-tête. Dans son entourage immédiat, on n'ignorait rien de son comportement répugnant. Ses employés l'ont souvent aidé à commettre ses actes. Ses collègues dans la profession plaisantaient parfois au sujet de ses frasques. D'où cette omnipotence pouvait-elle bien venir ? D'abord du recul de tout être humain, aussi bien intentionné soit-il, devant la perspective d'un scandale dont chacun pouvait craindre qu'il serait très difficile à prouver. Ensuite, et c'est le fond de l'affaire, de son pouvoir professionnel.
Weinstein, capable de faire ou défaire le succès d'un film et la carrière de ceux qui l'avaient conçu et réalisé, se croyait tout permis parce qu'il exerçait une autorité, certes acquise grâce à ses propres qualités, mais qui imposait aux autres une complète docilité. Pour exister dans la profession de scénariste, de metteur en scène ou d'acteur, il fallait d'abord passer un accord avec lui. Ce pouvoir artistique et financier, il l'a mis au service de pulsions sexuelles si intenses et si répétitives qu'elles réclamaient une vigoureuse thérapie. En outre, il était assez imbu de lui-même pour penser que jamais une actrice à la recherche d'un rôle n'oserait se dresser contre lui et il était aidé, en quelque sorte, par la complicité de son milieu. Qu'il n'y ait pas eu, pendant tout ce temps, de personnes assez honnêtes et courageuses pour révéler le scandale et s'opposer publiquement à lui est incroyable. Sûrement surpris de ne rencontrer aucune difficulté dans son parcours sinistre, ou à peine inquiété par le refus de quelques-unes des femmes qui'il entreprenait, Weinstein a dû penser qu'il aurait éternellement de la chance.
Une réflexion sur la condition féminine
La culpabilité de Weinstein est d'autant plus grande qu'il a tiré avantage de sa position professionnelle, de son leadership en quelque sorte, pour se livrer à ses multiples agressions. La colère planétaire soulevée par l'affaire a tout de même un corollaire positif : elle a incité de très nombreuses femmes, connues ou moins connues, à dénoncer des faits similaires commis par des anonymes ; elle en a poussé d'autres à stigmatiser le harcèlement quotidien et commun auquel des millions d'hommes se livrent dans toutes les cités du monde, y compris dans les métropoles françaises, notamment dans les transports en commun, pièges naturels dans lesquels les femmes tombent fatalement ; et elle fait réfléchir chaque mâle sur la réalité, inconcevable en 2017, de la condition féminine.
Aux délits ou crimes commis par le prédateur répond donc le sentiment de culpabilité éprouvé maintenant par beaucoup d'hommes qui se demandent si leurs collègues féminines de travail, leur propre épouse ou leurs filles sont assujetties à cette condition ; si de tels faits peuvent être acceptés par notre société ; et si, par une riposte prompte et sévère, on ne devrait pas mettre un terme à une dérive comportementale qui nous renvoie à l'âge de pierre. Le respect ou l'irrespect à l'égard des femmes signe le niveau d'une civilisation. De même que les réseaux sociaux sont envahis par la haine, l'insulte et l'intolérance, ou que la délinquance et la criminalité augmentent, de même le mépris des femmes suffit à exposer la bassesse masculine. D'aucuns voient encore dans ce mépris le symptôme de la virilité. Immense erreur. Car se conduire ainsi avec les femmes, c'est se nier à soi-même la possibilité d'aimer et d'être aimé. C'est se priver soi-même de ce qui fait le sel de la vie.
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