Comment repérer et prendre en charge les enfants et adolescents avec des idées suicidaires ? Dans de nouvelles recommandations, publiées fin septembre, la Haute Autorité de santé (HAS) détaille les bonnes pratiques de prévention pour accompagner tous les professionnels en contact avec les enfants (dans les services sanitaires et/ou sociaux, mais aussi au sein de l'Éducation nationale).
Depuis plus de 30 ans, le suicide représente la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans et la cinquième chez les moins de 13 ans. « En 2016, 26 décès par suicide ont été enregistrés chez les moins de 15 ans et 352 chez les 15-24 ans, soit des taux respectifs de 0,3 et 4,5 pour 100 000 habitants », rappelle la HAS, qui s'est autosaisie de ce sujet, dans le cadre de son programme « Psychiatrie et santé mentale » 2018-2023.
Vigilance sur certains signes d’alerte
Pour réduire la fréquence des passages à l’acte, la mortalité, les incapacités résultant de tentatives de suicide (TS) et les récidives, il s’agit d’abord de prendre au sérieux les enfants, de ne pas banaliser leurs dires, mais aussi d’être vigilant face à un changement brutal de comportement, une consommation fréquente de drogue ou d’alcool ou des actes d’automutilation. Le repérage repose également « sur une écoute active et un questionnement direct », qui n'induira pas, par lui-même, d'idées suicidaires, est-il ajouté. Les soignants peuvent aussi s’appuyer sur une série d’outils, comme : le « Bullying Insomnia Tobacco Stress Test » (BITS), l’« Ask Suicide-Screening Questions » (ASQ) ou la « Columbia Suicide Severity Rating Scale ».
L’évaluation d’une crise suicidaire doit ensuite être menée par des cliniciens formés. Au moins un entretien seul est nécessaire et peut être complété par le recueil d'informations auprès des parents ou d'autres sources (médecin scolaire, pédiatre, etc.) dans le respect du secret médical. Face à un jeune opposé à ce que ses parents soient contactés, le clinicien doit s’efforcer d’obtenir son consentement. Si le refus persiste, le mineur doit se faire accompagner d'un majeur de son choix.
Une prise en charge selon l’urgence
La prise en charge dépend ensuite de l'urgence (probabilité d'un passage à l'acte à court terme) ou de la vulnérabilité (à moyen ou long terme) suicidaire. En cas de risque de crise imminente, le jeune doit être adressé aux urgences. De même, tout jeune qui a fait une TS récente doit être orienté vers un service d'urgence, quel que soit le niveau d’urgence suicidaire actuel. La HAS insiste sur la double responsabilité des urgentistes et des (pédo)psychiatres dans la prise en charge au sein des services d’urgence.
Un cas moins urgent peut être orienté vers une prise en charge ambulatoire de deuxième ligne (centre médico-psychologique ou centre médico-psycho-pédagogique, psychiatre libéral, maison des adolescents). Il est recommandé de mettre en place un « plan de sécurité » pour éviter les récidives. L’inclusion dans le dispositif VigilanS par exemple permet de maintenir le contact entre le jeune et les soignants.
Un numéro national de prévention du suicide, le 3114, est également accessible gratuitement 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, depuis le 1er octobre dernier. Cette ligne, tenue par des soignants formés et en lien avec le Samu, doit permettre une prise en charge des personnes avec idées suicidaires et prodiguer des conseils à des confrères en demande d'un avis spécialisé.
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