L’HISTOIRE de la médecine ne se résume pas à son impressionnant parcours technique et scientifique, elle embrasse aussi les attentes de chacun, de la maladie au bien-être en passant par la maîtrise du corps en général, ses variations avec l’histoire sociale, culturelle et politique. En quelques décennies, la médecine a vécu une profonde métamorphose de ses pratiques et de ses savoirs et l’espérance de vie a doublé en 200 ans. L’exigence de santé a peu à peu pris le pas sur le seul traitement des maladies et traverse chacun de nos comportements.
De fait, le territoire médical s’est étendu comme jamais, soulignent Didier Sicard et Georges Vigarello en préambule, et, si la réussite de cette aventure médicale est incontestable à bien des égards, elle est aussi porteuse d’ambivalences, sources de défis et de conflits nouveaux. C’est de cette complexité que parle le dernier-né de cette collection, dont le premier ouvrage remarqué avait été consacré « Aux origines de l’humanité ».
Moment fondateur.
Le champ des origines de la médecine est aussi vaste que celui de l’histoire de l’humanité. Si la maladie est un concept et la médecine un système, comme l’écrit Pierre Thillaud dans le premier chapitre, consacré aux temps préhistoriques de la médecine, de tout temps, l’être humain a cherché à panser ses plaies. Pour autant, « le moment hippocratique » apparaît comme fondateur de notre médecine, dans la tradition occidentale, explique l’historienne Armelle Debru. Commence alors une saga étonnante que nous content une vingtaine d’auteurs, historiens, biologistes, sociologues, anthropologues, philosophes ou psychiatres, de Jean Claude Ameisen à Dora Weiner.
Traditions, croyances et rationalités, inventions de la modernité du XVI au XVIIIes siècles, naissance de la médecine contemporaine au XIXe, passage de la révolution scientifico-technique à la révolution de l’épanouissement de soi sont autant d’axes autour desquels s’articulent une trentaine de chapitres.
Qu’il s’agisse du long chemin de l’objectivation du corps à la classification des maladies, des évolutions de la notion de santé ou de soins, de la résistance des croyances ou du recours à d’autres rationalités, des révolutions de la médecine psychosomatique ou de l’univers hypertechnique de la médecin moderne, du coût de la santé ou des inégalités face à l’accès aux soins, des choix collectifs ou des enjeux éthiques, les auteurs concentrent chaque fois leurs explorations sur les enjeux des relations des hommes avec la médecine. « L’exigence d’une totale redéfinition des politiques de santé vient du total renouvellement des sciences et des techniques et du total renouvellement des attentes et des comportements », concluent Didier Sicard et Georges Vigarello.
Sous la direction de Didier Sicard et Georges Vigarello, « Aux origines de la médecine », Fayard, 474 p., 48,90 euros.
48,90 euros
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque