Les hôpitaux seraient-ils trop négligents au moment de renvoyer les patients chez eux ? C'est ce que pointe la Haute Autorité de santé (HAS) qui publiait aujourd'hui les résultats 2018 de ses indicateurs de qualité et de sécurité des soins dans les établissements de santé français.
Sur la base de son questionnaire e-satis, qui vise à mesurer l'expérience et la satisfaction des patients, la HAS a recueilli les réponses de plus de 190 000 personnes hospitalisées plus de 48 heures en médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) et 137 000 opérées en chirurgie ambulatoire. Résultat, sur l'ensemble de la prise en charge évaluée selon six indicateurs (accueil, prises en charge médicale et paramédicale, chambre, repas et sortie), les hôpitaux français obtiennent un score honorable. Les 1 113 établissements ayant participé au dispositif en MCO atteignent ainsi la moyenne de 73,3/100 et les 814 en chirurgie ambulatoire celle de 76,4/100.
Seul bémol, l'indicateur relatif à l'organisation de la sortie et le retour à domicile arrive dernier en ambulatoire (68 % de satisfaction) et avant-dernier en MCO (63,4 %), juste devant le repas (58,1 %). Un résultat tracassant pour la HAS qui énumère les conséquences possibles pour le patient : « anxiété, aggravation de son état de santé, réhospitalisations non programmées ».
Comparant ces résultats avec l'analyse des dossiers patients, méthode qu'elle utilise traditionnellement, la HAS met le doigt sur un élément qui dysfonctionne : la lettre de liaison, officielle depuis le 1er janvier 2017 (mais dépourvue de sanctions) sur décision de la loi Touraine. Bien qu'elle soit considérée comme un « élément clé de la continuité des soins » par la Haute Autorité, celle-ci semble bien trop souvent bâclée par les personnels hospitaliers.
Côté MCO, seuls 37 % des patients s'en voient remettre un exemplaire et pour 11 % des dossiers évalués, la lettre de liaison semble ne jamais avoir été éditée. Quand elle existe, des informations sont souvent manquantes. Ainsi, seules trois lettres sur dix comprennent la synthèse du traitement médicamenteux et 36 % les risques liés à l'hospitalisation.
La chirurgie ambulatoire ne fait pas plus figure de bon élève avec seulement 78 % de lettres de liaison éditées dont seulement 25 % indiquent la planification des soins après la sortie. À l’inverse, sur plus de deux lettres sur trois figurent les traitements de sortie. Un score deux fois plus élevé qu'en MCO mais qui reste trop faible sur un document jugé « fondamental pour la continuité des soins et en cas de recours rapide aux urgences après la sortie ».
Un patient sur trois sans contact d'urgence
En dehors du problème même de la lettre de liaison, un tiers des patients en MCO déclare n'avoir pas reçu d'information ni sur la reprise d'activité après la sortie ni sur les signes ou complications devant amener à recontacter le médecin. En chirurgie ambulatoire également, la moitié des patients n'a pas été recontactée après la sortie et 30 % n'ont pas reçu de numéro de téléphone à contacter en cas d'urgence.
Si elle n'est pas bien gérée en aval, la sortie d'hôpital n'est pas non plus anticipée en amont. 40 % des patients pris en charge en chirurgie ambulatoire ayant répondu au questionnaire déclarent n'avoir pas reçu d'ordonnance pour des antalgiques avant leur opération.
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