Le Dr Éric Henry n’a pas réfléchi longtemps avant de se décider. Mercredi 16 mars, le généraliste installé à Auray (Morbihan), ancien patron du SML*, a rejoint un convoi en partance pour la Pologne, à la frontière de l’Ukraine, pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens et les ramener en Bretagne où des familles d’accueil les attendaient.
Deux jours plus tôt, le médecin avait pris connaissance dans un journal local de cette initiative, lancée par l’association Secoutourisme, installée à Trégunc (Finistère). « J’ai chialé comme un gamin en lisant ça, raconte, ému, le Dr Henry. Je me suis dit que je ne pouvais pas rester sans rien faire. J’ai appelé le responsable de l’association et je lui ai dit : “Je prends mon break, ma carte de crédit et je pars avec vous !” »
Sept véhicules, dont deux camping-cars, prennent la route mercredi en fin de matinée, chargés de vêtements et de matériels. Le médecin emporte des accessoires médicaux (des blouses, des surchaussures, …) et des médicaments, notamment des morphiniques, stockés dans son cabinet. La première étape les conduit près de Metz où ils passent la nuit dans leurs véhicules. Jeudi soir, ils sont en Allemagne, avant d’arriver le lendemain à Przemysl à la frontière séparant la Pologne et l’Ukraine. « Il y avait un flux permanent de réfugiés mais tout était parfaitement organisé, dans le calme et la sérénité », détaille le Dr Henry.
15 réfugiés volontaires au départ pour la France
La suite sera un peu plus compliquée. Les huit réfugiés qu’ils devaient prendre en charge étaient déjà partis par un autre moyen de transport. À la gare, où de nombreux Ukrainiens échouent avec quelques affaires dans des sacs plastiques, épuisés et démunis, ils devront s’employer pour convaincre des candidats au départ de les accompagner.
« La Bretagne, ils ne connaissent pas, raconte le Dr Henry. Il fallait les rassurer, leur expliquer que des familles d’accueil les attendaient. » La présence rassurante d’un médecin dans l’équipe et d’une personne parlant un peu la langue facilitent aussi le dialogue. Finalement, après plusieurs heures de discussion, le convoi repart le samedi soir avec 15 réfugiés, dont 9 enfants, tous très anxieux.
« Tout au long du voyage, il a fallu les rassurer, relate le Dr Henry. On échangeait grâce à Google traduction. Ils avaient très peur d’être séparés, alors les véhicules restaient en contact visuel tout le temps et on se parlait avec des talkies-walkies. » Deux jours plus tard, ils arrivent à Trégunc, vers 21 heures où les familles d’accueil les attendent. Tous se retrouveront demain, dimanche, autour d’un barbecue, « pour maintenir le lien qui s’est créé », insiste le Dr Henry.
Appel aux dons et aux médecins
Le médecin se dit prêt à repartir. Mais, fort de son expérience, il souhaite d’abord participer à structurer ces missions de secours, en coordination avec les associations, afin qu’elles se déroulent dans les meilleures conditions.
Il lance aujourd’hui un appel à l’aide auprès des citoyens et des entreprises, notamment pour se faire prêter des véhicules et financer les voyages. Les chauffeurs volontaires sont également les bienvenus. Ils peuvent s’adresser directement au Dr Henry en se manifestant par SMS au 06 80 25 13 12 ou en contactant Secoutourisme sur leur site Internet.
Le Dr Henry interpelle aussi ses confrères médecins et les collègues soignants. « Ça rassure les réfugiés de savoir qu’il y a un médecin, ils savent un peu mieux à qui ils ont affaire… et ils savent qu’on peut aussi les soigner en cas de besoin. »
* Le Dr Henry est aussi à l'origine de l'association SPS (Soins aux professionnels de santé), dont il a été le président, et d'une « Maison des soignants ».
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation